En plein coeur de l'été, le Premier ministre a lancé ce mardi une chaîne YouTube et un podcast pour tenter de convaincre les Français du bien-fondé de son plan de redressement avant un automne qui s'annonce très périlleux.

Par Isabelle Ficek les ECHOS
Pas de vacances pour le youtubeur François Bayrou. Le Premier ministre n'en démord pas : malgré son impopularité record, malgré la crispation croissante des Français face au plan de redressement présenté mi-juillet, il veut tenter de les convaincre que ces efforts et leur ampleur - 43,8 milliards d'euros pour 2026 - sont non seulement « nécessaires », mais qu'ils sont aussi « supportables ».
Lui qui a toujours pensé que la réforme des retraites de 2023 a hérissé les Français car elle n'avait pas été assez expliquée, a en quelque sorte voulu prendre son bâton de pèlerin pour préparer le budget 2026 très tôt qualifié par la porte-parole du gouvernement Sophie Primas de « cauchemar ».
Efforts choisis, sacrifices subis
Difficile de dire si les Français ont envie d'entendre parler d'efforts au coeur de l'été, mais François Bayrou veut profiter de cette période pour s'adresser à eux via une chaîne sur YouTube et un podcast, baptisés « FB Direct ». Dans le premier épisode ce mardi, François Bayrou a expliqué qu'il ne ferait pas de pause estivale parce que les jours qui viennent vont être « absolument cruciaux, c'est le moment où tout va se jouer ».
« Entre les efforts qu'on choisit et les sacrifices qu'on subit, c'est là qu'est aujourd'hui la question qui va se poser à chacun des Français », a d'abord lancé le chef du gouvernement dans ce format de communication directe qui se veut plus informel, mais qui, malgré la veste tombée, avait des airs d'allocution. Doigt souvent tourné vers la caméra pour prendre à témoin le téléspectateur, François Bayrou a expliqué vouloir « partager avec vous les contraintes ».
Le chef du gouvernement, dont l'ADN est d'avoir toujours alerté sur la dette, a rappelé « la gravité des difficultés », le « diagnostic » posé par le gouvernement et son plan de redressement : « Cela ne peut pas durer comme ça, il y a des efforts à faire, ces efforts sont supportables pour un pays qui décide de reprendre en main son destin et de ne pas se laisser couler », a-t-il martelé.
« 100.000 millions d'euros ! »
Il a au passage défié quiconque de dire que la situation budgétaire n'est pas un « danger » pour la France. François Bayrou a tenté d'illustrer la gravité de la situation par des chiffres plus palpables que le finalement très abstrait « 3.400 milliards d'euros de dette ».
« Chaque seconde de chaque jour et de chaque nuit, la dette augmente de 5.000 euros. […] Si nous ne faisons rien, en 2029, la charge de la dette sera de 100.000 millions d'euros ! », a-t-il lancé, estimant « irresponsable » et « immoral » de ne rien faire.
« J'essaie de vous regarder dans les yeux, je voudrais que nous soyons la génération qui décide de faire les efforts nécessaires », a enjoint le chef du gouvernement. Sinon ? Sinon, et c'est avec les « efforts supportables », le message principal ; sinon François Bayrou a pris les exemples passés de la Grèce, de l'Espagne, avec des « efforts forcés » : « couper dans les retraites, -30 % en Grèce », « baisser les salaires des fonctionnaires de 10 % », etc.
François Bayrou a répété son credo : rien ne pourra se faire « sans les Français ». Il a aussi glissé, avant un automne forcément périlleux et des appels sur les réseaux sociaux au blocage du pays le 10 septembre - appels regardés de près par l'exécutif - que ce plan « n'est pas une épreuve de force entre le pouvoir et les Français. » Pas sûr que tous l'entendent ainsi.
Isabelle Ficek