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La loi Duplomb ne passe décidément pas !
Le sénateur Laurent Duplomb et la ministre de l’Agriculture Annie
Genevard ont beau la prendre à la légère, la pétition contre la loi
qui, entre autres articles, réintroduit ou assouplit l’usage de néonicotinoïdes
jusque-là proscrits, a franchi à une vitesse record le seuil
des 2 millions de signatures. Difficile de prétendre qu’il ne s’agit que
de militants écologistes toujours prêts à punir ou interdire. Les Verts
seraient ravis d’apprendre qu’ils comptent autant d’adhérents mais
ce serait sans doute plus réaliste si l’environnement restait leur
priorité.
La loi qui porte le nom du parlementaire de Haute-Loire, éleveur de
profession, réunit par ailleurs contre elle 61 % des Français, selon un
sondage Cluster17 réalisé pour Génération Écologie, un commanditaire
qui suffira à disqualifier l’impartialité de l’enquête aux yeux des
partisans du texte. Peu importe, cette loi ne passe pas et
pas seulement parce qu’elle a été adoptée sans qu’aucun
amendement n’ait pu être discuté, en vertu d’une motion
de rejet… déposée par les amis de M. Duplomb pour accélérer,
voire fausser, la procédure.
La propre pétition de 400 chefs cuisiniers, emmenés par le triple
étoilé Jacques Marcon, lui aussi de Haute-Loire, et le cri d’alarme de
chercheurs et de médecins ne sont pas étrangers à la vague de refus
qui percute ce retour en arrière agricole. Il est intéressant d’observer
que les deux partis qui soutiennent la loi Duplomb, le RN et
Les Républicains, se revendiquent d’une culture du référendum et
de la voix au peuple.
Une pétition n’a aucune valeur légale, juste une portée tribunitienne.
Qu’attendent Bruno Retailleau et Marine Le Pen pour réclamer
un passage aux urnes qui décidera, au terme d’un débat argumenté
et le plus serein possible, si le pays dit oui ou non à cette loi ?
Cette solution présenterait de surcroît l’avantage de faciliter le choix
d’Emmanuel Macron, coincé entre le marteau de la cause agricole,
légitime et respectable, et l’enclume de la santé publique qui
concerne l’ensemble des Français, à commencer par les agriculteurs
eux-mêmes.
Le Conseil constitutionnel est saisi. Très bien, c’est le signe d’une
démocratie qui fonctionne. Mais, de la même façon qu’il n’y a rien
de pire qu’un match qui se perd ou se gagne sur tapis vert, c’est sur
le terrain, celui de la politique, qu’on doit savoir si la loi Duplomb,
sans carabistouille, marque le but ou reçoit un carton rouge.
BRUNO LASSERRE éditorial SUD-OUEST