Un mois après la fuite d’une note interne à Bercy qui constituait une première alerte, car il était question de reconsidérer plusieurs grands projets ferroviaires en France, on apprend que le conseil d’orientation des infrastructures s’est donné jusqu’en décembre pour décider du sort de la ligne LGV Bordeaux-Toulouse (GPSO).
Sur fond du plan de rigueur présenté mi-juillet par François Bayrou, et qui pourrait se traduire en 2026 par une coupe de près de 44 milliards d’euros dans le budget de la France, l’État désargenté ne s’interdit donc pas de revenir sur ses engagements. Et de dire aux Occitans, à propos du train qui doit placer le Capitole à 3 h 10 de la capitale, qu’il sera remplacé par un train d’économies…
Alors que la semaine dernière, la justice administrative a rejeté les recours déposés contre le plan de financement de la ligne GPSO, confirmant ainsi la solidité du projet, nous voici soudainement revenus comme avant le 14 mars 2022, c’est-à-dire dans un tunnel dont le bout s’éloigne. Ce jour-là, considéré comme "historique" par tous les soutiens de la LGV, Jean Castex alors Premier ministre, annonçait publiquement la participation financière de l’État à hauteur de celle des vingt-cinq collectivités locales concernées. Il plaçait également cette infrastructure "sur les rails, de manière irréversible". Sans doute ce natif du Gers, élu rural en Catalogne et fin connaisseur des effets de l’enclavement sur la Gascogne et le reste de l’Occitanie, croyait-il en sa promesse lorsque sous son impulsion, le dossier du TGV à Toulouse est réapparu sur le haut de la pile.
Mais les promesses n’engageant comme souvent que ceux que les croient, nous nous retrouvons trois ans plus tard à propos du train à grande vitesse comme les habitants du sud du Tarn avec l’autoroute A69.
Dans les deux cas, c’est toujours le même scénario qui se reproduit.
– Un État défaillant ou clientéliste en premier lieu, qui fait l’aumône, quand il ne refuse pas à l’ex-Midi-Pyrénées des infrastructures de transport qu’il a financées dans d’autres régions.
– Des opposants dont l’idéologie doit ensuite prévaloir sur toute autre considération de développement économique, d’aménagement du territoire ou de démographie. Ils habitent parfois à l’autre bout du pays, mais rêvent pour nous autres d’un « far sud-ouest » coupé de tout. L’un des principaux reproches faits à la LGV porte sur l’artificialisation de 5 000 hectares de terre, comme si la survie de la deuxième région de France en superficie, avec ses 85 habitants au km2, en dépendait…
Des habitants d’Occitanie, enfin, laissés-pour-compte comme souvent. Trahis par des voisins girondins oublieux des 423 millions d’euros versés en 2008 par le conseil régional de Midi-Pyrénées pour le tronçon Tours-Bordeaux, en échange d’un effort réciproque pour la liaison Toulouse-Bordeaux, ils craignent à présent un abandon de l’État en rase campagne.
Le pire n’est pas certain, mais s’il se produit, sans doute nous dira-t-on, toute honte bue et pour solde de tout compte, qu’ici plus qu’ailleurs, le bonheur est dans le pré…
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LGV Toulouse-Bordeaux : toute honte bue
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