L'édito de Bruno Jeudy. Grande Boucle, grand amour
Bruno Jeudy

Chaque semaine, Bruno Jeudy fait le point sur l'actualité.
LTD/CYRILLE GEORGE JERUSALMI
Bruno Jeudy
Chaque semaine, Bruno Jeudy fait le point sur l'actualité.
LTD/CYRILLE GEORGE JERUSALMI
On n'en finit pas de faire le tour. Au terme de trois semaines d'épreuve, le peloton achève la 112e édition sur les Champs-Élysées après trois passages inédits sur la butte Montmartre. Un joli clin d'œil aux JO de Paris et, surtout, un moyen de montrer que les traditions sont faites pour être à la fois respectées et bousculées.
L'intérêt pour l'événement, comme le montre notre sondage Ipsos/La Tribune Dimanche, ne faiblit pas puisque six Français sur dix disent l'avoir suivi. Cet engouement réunit toutes les générations. Comme le disait Antoine Blondin : « Le Tour de France est la seule compétition qui unit le pays autour de son propre territoire. » La caravane passe, et le public reste fidèle à cette ode à l'effort et au courage, à cet hymne à nos paysages et à notre Histoire.
Grâce au Tour, beaucoup de Français ont appris la géographie et découvert l'infinie richesse de nos régions. Son audience dépasse le cadre de notre pays. Américains, Australiens et Japonais se passionnent pour la Grande Boucle, événement sportif le plus regardé après les JO et la Coupe du monde de football.
Une aubaine pour la France et un outil majeur au service de l'attractivité de l'Hexagone, ce qui contribue à en faire la première destination touristique mondiale. Spectacle gratuit - une des raisons de sa popularité -, l'épreuve rassemble 10 millions de personnes sur le bord des routes et réunit en moyenne de 3 à 4 millions de téléspectateurs chaque après-midi. Voilà du soft power à la française qu'il convient de ne pas négliger.
Ces dernières années, une évolution dans la perception de cet événement longtemps associé aux terroirs et aux milieux populaires est apparue. Le cyclisme attire désormais les jeunes urbains au point de devenir un phénomène de mode chez les cadres et les bobos. Peut-être est-ce lié au coût prohibitif des vélos, des tenues et des équipements, fruit d'une technologie sophistiquée.
En 2025, Salma Hayek, égérie inattendue, arbore fièrement un bob Cochonou. Le gadget de la caravane devient un objet culte ! Plus besoin d'arpenter l'avenue Montaigne pour être au top de la hype, pour reprendre le jargon cher aux influenceurs. Il suffit de tendre la main au passage de la caravane publicitaire avant d'enfiler un seyant maillot à pois ! Michel-Édouard Leclerc se substitue à Karl Lagerfeld au rendez-vous des créateurs en juillet...
Qui eût imaginé à la fin des années 1990, au moment de l'affaire Festina, que le Tour devienne branché un quart de siècle plus tard ? Oubliées les diatribes de certains médias et politiques contre un Tour jugé ringard, polluant, avec des coureurs transformés en hommes-sandwichs. Si l'on peut sourire de ces snobs qui aiment à s'encanailler, ne boudons pas cependant notre plaisir de voir cet événement retrouver son lustre et la ferveur de nos compatriotes.
En vérité, il y a deux espèces de Français : ceux qui avouent aimer le Tour de France
et ceux qui l'aiment sans l'avouer. Reste maintenant à trouver un successeur à Bernard Hinault, dernier vainqueur français de cette mythique compétition en 1985... et à lever les tabous sur le dopage dans le cyclisme. Car l'enthousiasme pour les exploits des champions n'exonère pas commentateurs et organisateurs de la lucidité.
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