3973-Dati s’interroge sur une «coïncidence» entre le timing judiciaire et l’agenda politique 2 posts
Invitée mardi de LCI après son renvoi en correctionnelle pour corruption et trafic d’influence, la ministre de la Culture a dénoncé une offensive judiciaire, selon elle liée à l’approche de deux échéances électorales qui la concernent au plus haut point.
Après le coup de massue judiciaire, la riposte médiatique. Quelques heures après l’annonce de son renvoi en correctionnelle, aux côtés de l’ancien patron de Renault Carlos Ghosn, pour recel d’abus de pouvoir et d’abus de confiance, corruption et trafic d’influence passifs, Rachida Dati a contre-attaqué ce mardi soir sur LCI. Face aux soupçons des juges d’instruction - qui la suspectent d’avoir exercé du lobbying illégal au Parlement européen, au tournant des années 2010, au bénéfice de Renault et de son dirigeant de l’époque, en échange d’une rémunération de 900.000 euros -, la ministre de la Culture a vigoureusement rejeté les accusations présentes dans ce dossier judiciaire aux lourds enjeux politiques.
À l’approche des municipales de 2026 mais aussi de la législative partielle dans la 2e circonscription de Paris - deux échéances en vue desquelles la ministre de la Culture s’active en coulisses -, Rachida Dati a tout d’abord dénoncé l’«instrumentalisation honteuse» de ses adversaires. «Je ne vais quand même pas me résigner. Ils essaient de me mettre un genou à terre, mais je ne vais quand même pas mettre le deuxième», a martelé Rachida Dati d’un ton combatif.
Une offensive des magistrats, selon elle, qui n’aurait rien de fortuit à quelques jours de la réunion de la commission nationale d’investiture des Républicains (LR), appelée à désigner, le 28 juillet prochain, son candidat dans ce territoire couvrant une partie des 5e, 6e et 7e arrondissements de la capitale, dont Rachida Dati est maire. Une circonscription stratégique pour la droite, prisée par Michel Barnier, déjà déclaré candidat - tandis que la ministre, agacée par les ambitions de l’ancien premier ministre, entretient volontairement le flou sur ses intentions.
À lire aussi Législative partielle à Paris : LR veut calmer le jeu entre Barnier et Dati avant de trancher le 28 juillet
Ce contexte conduit alors l’ancienne garde des Sceaux à faire mine de s’interroger sur la «coïncidence» entre l’accélération du «calendrier» judiciaire et l’agenda politique, elle qui voit déjà dans la candidature du Savoyard une manœuvre orchestrée par ses rivaux parisiens au sein de LR pour en faire un «plan B» en cas d’empêchement. «De la même manière en 2019, l’enquête a été ouverte au moment où j’ai été investie comme candidate pour la mairie de Paris», fait-elle valoir.
Mardi soir, Rachida Dati a avant tout tenu à se défendre point par point, et dénoncé à cet égard une «procédure (judiciaire) émaillée d’incidents», allant jusqu’à mettre en cause certains magistrats qui, d’après elle, «marchent» sur les droits de la défense. Documents à l’appui, elle a «accablé» plusieurs d’entre eux de ne pas respecter «le code de procédure». Dans son viseur : le procureur de la République financier Jean-François Bohnert qui l’aurait assuré de son désaccord avec les charges portées contre elle lorsqu’il l’a «reçue deux heures trente dans son bureau».
Forte du soutien d’Emmanuel Macron, qui lui a confirmé son maintien au gouvernement malgré un futur procès, et de celui du ministre de la Justice Gérald Darmanin - lequel a salué «une grande femme politique», rappelé son statut de «présumée innocente» et affirmé qu’il «souhaite ardemment qu’elle soit maire de Paris» - , la ministre de la Culture n’y a pas été par quatre chemins : elle reste à son poste et ne compte «renoncer» ni à ses ambitions ni à se défendre.