EDITO. Guerre en Ukraine : De guerre lasse

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Publié le 
Jean-Claude Souléry la DDM

On finit par se lasser de tout. Donald Trump, qui, jusqu’ici, se félicitait de ses conversations téléphoniques « constructives » avec Vladimir Poutine, vient soudain d’en mesurer l’inutilité. Il s’est aperçu en effet du double langage du maître du Kremlin : parler de paix durant deux heures au téléphone, pendant que ses avions et ses drones larguaient des missiles sur Kiev, sur d’autres agglomérations ukrainiennes, notamment sur des cibles civiles, et poursuivaient ainsi inexorablement leur sinistre symphonie.
Était-il donc naïf, ce Président Trump, pour croire en la bonne volonté de son homologue russe ? Ou bien était-il flatté par la considération qu’on lui portait du côté de Moscou ? En tout cas, durant les premiers mois de sa présidence, il démontrait un certain penchant en faveur du « cher Vladimir » et surtout un véritable agacement à la vue de l’Ukrainien Volodymyr Zelensky publiquement humilié le 28 février dernier dans le Bureau Ovale de la Maison Blanche.
Pour Donald Trump, l’aide américaine à l’Ukraine était en quelque sorte un « boulet » hérité de l’ancienne administration démocrate dont il fallait à tout prix s’exonérer. L’Ukraine, l’Europe et même l’OTAN repasseraient… On imaginait ainsi la position américaine définitivement figée.
Voici qu’aujourd’hui, le même Trump admet que Poutine lui « balançait beaucoup de conneries ». Dans le langage brutal du Président américain, ça signifie que le temps serait venu d’un revirement stratégique. Ainsi, l’autre jour, en recevant le secrétaire général de l’OTAN, il a officiellement annoncé la reprise des fournitures d’armes à l’Ukraine et notamment l’envoi de missiles Patriot, ainsi que de nouvelles sanctions financières contre la Russie et ses alliés. Le tout assorti d’un ultimatum à l’adresse du Kremlin – un ultimatum de 50 jours pour mettre fin aux hostilités.
L’engagement de Donald Trump ressemble donc à un nouveau tournant dans le cours de la guerre, même si l’ultimatum de 50 jours permet encore à la Russie de poursuivre, sinon d’accélérer – durant 49 jours ? – son offensive tous azimuts sur le front et sur les sites sensibles de l’Ukraine. En tout cas, cet engagement soulage pour un temps ceux qui veulent y croire, à commencer par le Président ukrainien et ses alliés européens.
Mais il n’est pas certain que, sur place, les populations qui subissent quotidiennement les frappes russes soient convaincues par les promesses de Donald Trump. D’une part, il faudra du temps, beaucoup de temps, trois à quatre mois, avant qu’elles ne deviennent réalité. D’autre part, ces populations savent par expérience que les humeurs de ce Président sont changeantes, et que le destin de la guerre – leur destin – reste peut-être suspendu à un nouveau caprice.