3959-Convaincre l'opinion, l'autre Himalaya de François Bayrou 1 post

SONDAGE

Convaincre l'opinion, l'autre Himalaya de François Bayrou sur le budget

S'ils approuvent l'objectif du Premier ministre de vouloir réduire les déficits et la dette, les Français rejettent massivement de nombreuses mesures pour y arriver.

François Bayrou espère convaincre l'opinion de la nécessité des mesures qu'il a proposées, mais ce n'est pas gagné.
François Bayrou espère convaincre l'opinion de la nécessité des mesures qu'il a proposées, mais ce n'est pas gagné. (Stefano Lorusso/Zuma/SIPA)

Par Grégoire Poussielgue  les Echos

Publié le 17 juil. 2025 à 17:09Mis à jour le 17 juil. 2025 à 19:50

Une autre bataille s'est engagée pour François Bayrou depuis la présentation de son projet de budget pour 2026 : celle de l'opinion. En plus de devoir trouver un chemin politique qui s'annonce périlleux compte tenu des premières réactions de la gauche et du Rassemblement national (RN), le Premier ministre doit aussi convaincre les Français de la nécessité des mesures annoncées mardi. Pour lui, c'est un autre Himalaya.

Le chemin est à moitié fait. Le discours de vérité tenu par François Bayrou - en deux temps, d'abord le 15 avril puis le 15 juillet - trouve un écho chez les Français. Selon un sondage Toluna Harris Interactive réalisé pour RTL, les Français partagent les inquiétudes du Premier ministre : 85 % se déclarent préoccupés par le niveau de la dette publique et 86 % par l'avenir du système de retraites. Ils partagent aussi ses objectifs : 73 % sont d'accord pour ramener le déficit public à 2,8 % en 2029.

Potion jugée amère

D'autres objectifs sont approuvés. Sans surprise, les Français veulent mieux lutter contre les fraudes (90 %) ou encore les arrêts maladie abusifs (82 %), selon un sondage Elabe pour BFMTV. « La lutte contre la fraude est approuvée par l'opinion de manière transpartisane », note Vincent Thibault, directeur conseil et opinion chez Elabe.

Mais le plus dur reste à faire pour François Bayrou : au-delà du constat partagé, les Français sont moins enclins à approuver la potion proposée par le Premier ministre, même si celui-ci a eu beau insister sur un effort partagé par tous. François Bayrou a voulu prendre les Français à témoin, ne cachant pas les difficultés devant lesquelles il se trouve.

 

Il y a d'abord les mesures qui font consensus, comme taxer les hauts revenus, geler les dépenses de l'Etat ou encore raboter les niches fiscales qui profitent aux plus aisés. « Taxer les riches est une mesure populaire, mais le reste sera compliqué car les Français estiment que François Bayrou n'a pas de mandat pour le faire », note une ancienne ministre.

 

Il y a ensuite celles qui divisent au regard de l'orientation partisane. A gauche, on est contre le sort réservé aux fonctionnaires (suppression de 3.000 postes, non-remplacement d'un fonctionnaire sur trois partant à la retraite). A droite, les mesures visant les retraités (remplacement de l'abattement par un forfait) sont contestées.

Enfin, certaines mesures proposées mardi sont massivement rejetées. Il s'agit principalement de la suppression de deux jours fériés ou du doublement des franchises sur les médicaments.

« Comme pour la réforme des retraites, le discours sur la suppression des jours fériés et le travailler plus ne passe pas et ne passera jamais. Quant au doublement de la franchise sur les médicaments, c'est une mesure rejetée dans tous les camps, y compris dans celui de François Bayrou », ajoute Vincent Thibault.

Au final, le regard des Français est plus critique que favorable. « Les Français affichent un regard critique envers cet ensemble de mesures : il est jugé inefficace pour stabiliser et réduire la dette et le déficit publics (67 %) ainsi qu'injuste (68 %) pour plus de deux tiers des Français », note Toluna Harris Interactive. Selon Elabe, 60 % des Français estiment que les efforts demandés sont « trop importants ».

Si 57 % des Français pensent que le plan annoncé mardi par François Bayrou est « nécessaire » compte tenu de la situation de la dette, 72 % trouvent qu'il ne « répartit pas équitablement les efforts demandés », ajoute un sondage de l'Ifop publié jeudi pour LCI. Au final, le souhait de censure augmente et devient majoritaire. 58 % des Français la veulent, selon Elabe, soit une hausse de 6 points en trois semaines.

Rejet de la suppression des jours fériés

A noter enfin que l'effort supplémentaire demandé pour la défense est loin de faire l'unanimité. L'inquiétude liée à la menace russe diminue et le constat alarmant fait par Emmanuel Macron le 13 juillet - « La liberté n'a jamais été si menacée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale » - est loin de faire consensus puisqu'il est approuvé par moins de 6 Français sur 10 selon Elabe.

Le débat se focalise sur la suppression des jours fériés, mesure que les Français comprennent très bien et qui aura des effets immédiats si elle est adoptée. « L'opinion ne bougera pas car c'est ultra-concret », note Vincent Thibault. Sans surprise, les syndicats ont rapidement embrayé. La CGT a déjà appelé à une mobilisation, tandis que Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, a évoqué sur France Inter un « musée des horreurs » et dénoncé avec vigueur la suppression de deux jours fériés.



18/07/2025
1 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 376 autres membres

blog search directory
Recommander ce blog | Contact | Signaler un contenu | Confidentialité | RSS | Créez votre blog | Espace de gestion