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Ce sera stop à la dette ou stop à Bayrou
L’allocution préliminaire de François Bayrou à sa conférence de
presse, ce mardi, a duré soixante-seize minutes. Pendant ce discours,
le déficit public s’est alourdi de 22,8 millions d’euros puisque, selon
les calculs divulgués par le Premier ministre, l’endettement tricolore
augmente de 5000 euros chaque seconde.
Il a fallu attendre vingt-cinq minutes (7,5 millions d’euros) pour que
le chef du gouvernement, après un tour d’horizon comme il les affectionne,
entre dans le dur de ce rendez-vous qu’il qualifie d’historique
avec le peuple français et dévoile le nom de ses deux plans d’action :
« Stop à la dette » et « En avant la production ! » Espérons que ce
double intitulé n’émane pas d’une agence de communication rémunérée
mais d’un remue-méninges à Matignon, voire d’une intelligence
artificielle qui, assure le maire de Pau, peut améliorer de 20 %
la productivité nationale.
C’était le moment de vérité du Premier ministre. S’il a pris son
temps pour annoncer la potion amère destinée à ses compatriotes,
il l’a fait, et sans digresser selon son agaçante habitude.
Quand on s’attaque à l’Himalaya, on avance droit,
sans zigzag, regard fixé vers le sommet et sur le plan de marche. François
Bayrou a donné des chiffres, beaucoup de chiffres, et dégainé
quelques formules facilement mémorisables : « Dernière station
avant la falaise », « nous sommes accros à la dépense publique » ou
« il est tard mais il est encore temps ».
Le chef du gouvernement est souvent accusé de refuser l’obstacle. On
ne pourra lui adresser ce reproche. Il s’est même compliqué la mission
en promettant 43,5 millions d’euros d’économies au lieu de 40.
L’année 2026 doit être blanche, comme prévu, et amputée de deux
jours fériés dont, comme Giscard en 1975, le 8 mai, commémoration
de la chute de l’Allemagne nazie, ce qui risque de choquer des gardiens
de la mémoire. François Bayrou s’est aussi engagé à solliciter les
plus aisés, avec un autre théorème bien ciselé : « On demande peu à
ceux qui ont peu, on demande plus à ceux qui ont davantage. »
Le Béarnais a tenu à rappeler que c’est lui qui, en patron, avait tranché
après de longues concertations. Son problème est que l’ascension
n’a pas débuté et qu’il a parlé depuis le camp de base où rien ne dit
que ses sherpas porteront un barda pouvant mener à la crevasse
électorale. Malgré son voeu d’ouverture, Bayrou peut-il s’épargner le
49-3 ? On saura à l’automne si cette feuille de route est une feuille
morte.
Éditorial sud-Ouest Benoît Lasserre