3947-Armées, budget : veillée d’armes à l’Élysée et à Matignon 3 posts
L'édito de Bruno Jeudy. Armées, budget : veillée d’armes à l’Élysée et à Matignon
Retrouvez l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de « La Tribune Dimanche ».
Par Bruno Jeudy, directeur délégué de la rédaction
Cette semaine, Bruno Jeudy parle des défis à venir du président Macron, de son premier Ministre François Bayrou, et du budget.
LTD/CYRILLE GEORGE JERUSALMI
Cette semaine est sorti sur les écrans Superman et il faudra aux deux têtes de l'exécutif tous les pouvoirs du héros de Marvel dans ce moment crucial pour le président de la République et son Premier ministre. En effet, le discours aux armées d'Emmanuel Macron ce dimanche 13 juillet et la conférence de presse de François Bayrou le 15 juillet sur le budget vont engager l'avenir du pays... et leur destin politique.
Au chef de l'État le rôle de la cigale chargée d'annoncer les dépenses pour l'effort de guerre, au locataire de Matignon celui de la fourmi appelée à sanctuariser les finances de nos armées. Face aux menaces en Europe, aux tensions au Moyen-Orient et en Afrique, la France ne peut rester l'arme au pied.
L'Élysée doit réévaluer la loi de programmation militaire, déjà fixée à 413 milliards sur six ans pour la période qui court jusqu'en 2030. Une contrainte imposée aussi par l'Otan, sous pression de Donald Trump, qui place notre pays dans l'obligation de faire passer le budget de la défense de 2 % à 3,5 % du PIB à partir de 2035, soit 154 milliards par an. De quoi donner le vertige aux gestionnaires de Bercy. Une gageure pour une nation surendettée que le FMI vient encore d'avertir.
Il faut dire que la France, après trente ans de coupes claires dans les crédits militaires - du gouvernement Jospin aux présidences Sarkozy et Hollande -, est en train de rattraper son retard en la matière à une période où elle n'en a pas véritablement les moyens. Mais c'est le prix à payer pour rester « une puissance mondiale », comme le résume Sébastien Lecornu. Dans ce contexte, François Bayrou aura fort à faire pour rendre une copie budgétaire crédible.
Comment trouver 40 milliards sans augmenter les impôts, sans susciter une levée de boucliers chez les élus, les syndicats, les associations et les patrons, bataillons de la colère qui n'ont jamais désarmé ? Cette équation paraît d'autant plus insoluble qu'à l'Assemblée aucun groupe n'est prêt à transiger. Que les Français eux-mêmes - des plus jeunes aux retraités - ne veulent consentir à aucun sacrifice.
Pourtant, ce 15 juillet - jour anniversaire de la création de l'impôt sur le revenu en 1914... sans doute un trait d'esprit béarnais -, le Premier ministre est résolu à délivrer un discours de vérité. Celui-ci se traduira par un gros élagage des dépenses sociales, la remise en route de la réforme de l'assurance chômage. Le tout sur fond d'année blanche budgétaire.
Passé cette annonce de purge en plein été, le maire de Pau misera à la rentrée sur un hypothétique compromis avec les différentes forces politiques pour éviter la chute de son gouvernement et une nouvelle crise politique. Mais qui s'attaque résolument à l'Himalaya à l'été risque de contempler à l'automne la morne plaine de Waterloo. Face aux 3 . 300 milliards de la dette dont la seule charge se rapprochera en 2026 du budget de l'Éducation nationale, l'ancien professeur de lettres classiques pourrait faire sien ces mots de Sénèque : « C'est quand il n'y a plus d'espoir qu'il ne faut désespérer de rien. »
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