3542-Revue de presse 18 posts
François Bayrou peut-il sauver sa peau ?
François Bayrou peut-il sauver sa peau ? Et jusqu’à quand ? Ce n’est pas faire offense au Premier ministre que de souligner son impopularité, telle qu’elle s’exprime dans les sondages. Ce n’est pas lui porter l’anathème que de constater l’à-peu-près de ses discours, ses hésitations et ses bafouillements, qui donnent l’impression d’un flou général. Ce n’est pas lui être désagréable que de rappeler l’état désastreux de nos finances publiques, la dégradation de notre économie et le mauvais tour que prend son fameux "conclave" sur la réforme des retraites. Ce n’est pas lui jeter un sort, que de considérer combien est étroite sa marge de manœuvre politique, entre des socialistes qui, pour un temps, lui accordent un semblant de trêve, et une extrême droite, bienveillante jusque-là mais qu’on devine prête à le torpiller quand elle jugera qu’il y va de ses intérêts.
François Bayrou serait donc un Premier ministre en sursis. Il n’aurait en définitive qu’un destin à la Barnier. Et pourtant, en donnant l’illusion d’une bonne volonté pateline, on le devine déterminé à durer.
C’est qu’il conserve tout de même quelques rares atouts dans sa manche. D’abord, il connaît par cœur la politique française, ses accommodements ponctuels et ses susceptibilités passagères, il la fréquente depuis si longtemps qu’il peut l’amadouer, l’apaiser d’une formule, et tirer de ses relations avec le personnel de tous bords quelques avantages et même quelques amabilités. Il sait, mieux que d’autres, calmer les petites et grandes querelles. Il n’ignore rien d’un monde où les divisions et les jalousies prospèrent. Bref, il s’estime suffisamment centriste pour pouvoir gérer ces mondes contraires et, s’il le faut, céder à l’art du compromis.
Alors, depuis son arrivée à Matignon, le 13 décembre, bientôt trois mois, il rame habilement comme s’il s’installait dans la durée. Il a conscience des enjeux qui sont les siens, et, dans un entretien récent au Figaro, veut démontrer sa lucidité : "J’ai été nommé dans les pires circonstances, sans budget, sans majorité, au lendemain de la censure du gouvernement, la première depuis soixante ans. Mais c’est pour ça que je suis là. Je vous assure que je connais tous les pièges tendus, toutes les insécurités. Mais c’est notre responsabilité. Si nous ne sommes pas capables de la remplir, alors le pays ira vers des accidents majeurs".
Cet appel à la "responsabilité" et aux "bonnes volontés" s’adresse à tous, comme un leitmotiv qui se voudrait éminemment "centriste" – alors que le centre, aujourd’hui, penche surtout à droite.
L’heure de vérité sonnera bien un jour – mais quand ? Dès l’automne prochain, plus tôt ou plus tard, ou bien au printemps 2027 ? François Bayrou est mal placé pour le savoir.