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À Londres, les contours d’une « coalition des volontaires » pour l’Ukraine et une paix qui paraît loin

Article de Par Emmanuel Berretta

 

 

 

 

 

À Londres, les contours d’une « coalition des volontaires » pour l’Ukraine et une paix qui paraît loin© JUSTIN TALLIS / Pool / via REUTERS
 

Un plan de paix pour l'Ukraine ? C'est l'initiative du Premier ministre britannique à l'issue du sommet qu'il a réuni à Londres, ce dimanche. Au cours de cette réunion d'urgence, Keir Starmer a dévoilé les contours d'une « coalition des volontaires » prête à s'engager pour soutenir l'Ukraine, y compris militairement.

« Beaucoup de pays ont indiqué qu'ils désiraient faire partie de ce plan que nous élaborons », a déclaré Keir Starmer, refusant toutefois de préciser « leur contribution exacte ». Cette prudence diplomatique masque à peine l'urgence d'une situation où l'Europe tente de reprendre l'initiative face à un allié américain devenu imprévisible. Une quinzaine de dirigeants européens, dont Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz, le polonais Donald Tusk, l'italienne Giorgia Meloni, ainsi que le Canadien Justin Trudeau, étaient présents autour de Volodymyr Zelensky, reçu dans la foulée par le roi Charles III. À noter, le ministre des affaires étrangères de la Turquie, Hakan Fidan, était aussi de la partie, tout comme Mark Rutte, le secrétaire général de l'Otan. Les institutions européennes étaient représentées par Ursula von der Leyen, pour la Commission, et Antonio Costa, pour le Conseil.

Un plan en quatre points

La donne a un peu changé après l'altercation spectaculaire entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky vendredi dernier. Le traité sur les terres rares ukrainiennes n'a pas pu être signé. Le cessez-le-feu envisagé par Donald Trump s'est beaucoup éloigné.


Le chef du gouvernement britannique a détaillé un plan structuré en quatre axes majeurs. Premier point : « continuer l'aide militaire pour renforcer l'Ukraine ». Un engagement qui s'est immédiatement traduit par l'annonce d'un nouvel accord entre le Royaume-Uni et l'Ukraine de 1,6 milliard de livres permettant à Kiev d'acheter des missiles de défense aérienne qui seront produits à Belfast ? une façon habile de soutenir à la fois l'Ukraine et les emplois britanniques.

Une coalition pour « défendre un accord de paix »

Deuxièmement, Keir Starmer insiste sur la nécessité de « garantir la souveraineté et la sécurité » ukrainienne avec, comme prérequis, que « l'Ukraine doit participer aux négociations ». Donald Trump reste à convaincre, surtout après cette conférence de presse désastreuse et la manière dont il a congédié Volodymyr Zelensky. Mais le président américain a-t-il le choix ? Il est totalement absurde de signer un cessez-le-feu si les deux belligérants ne sont pas autour de la table. Du reste, Donald Trump a laissé la porte ouverte à Zelensky en l'invitant à revenir à Washington quand il changerait de ton à l'égard de Vladimir Poutine.


Troisième volet : le maintien du soutien militaire même après un hypothétique accord de paix, pour « continuer de soutenir les capacités de défense de l'Ukraine ». Enfin, Keir Starmer évoque « une coalition pour défendre cet accord et garantir la paix » ? le coeur de sa proposition.

Ne pas rompre avec les États-Unis

Cette initiative, lancée par le Royaume-Uni et la France, n'apporte, en vérité, rien de neuf par rapport à toutes les réunions précédentes, à Paris, ou en visioconférence à Bruxelles. « L'Europe doit faire le gros du travail », a insisté le Premier ministre britannique, tout en ajoutant qu'elle « doit avoir un soutien fort des États-Unis ». On refuse de voir l'évidence : Washington s'est aligné sur le narratif russe s'agissant du conflit ukrainien. Les Européens sont tellement pris au dépourvu (alors que tout était prévisible), sont tellement dans l'impréparation qu'ils préfèrent se mettre la tête dans le sable.

Le Premier ministre britannique croit se rassurer en ayant parlé au président Trump la veille, Londres cherchant à maintenir ouvert le canal transatlantique malgré les tensions. À aucun moment, le Royaume-Uni n'envisage l'avenir de la défense européenne sans les États-Unis. Il rejoint en cela les positions de Giorgia Meloni qui appelle, depuis vendredi, à un sommet large réunissant à la fois les États-Unis et l'Europe pour parler « franchement » de l'avenir de l'Ukraine. Tous les messages négatifs des Américains sont comme niés.


« Je ne suis pas d'accord avec l'idée que les États-Unis sont un allié qui n'est pas fiable », affirme Keir Starmer face aux questions des journalistes, qualifiant même Washington d'« allié très fiable du Royaume-Uni ». Oui, des Britanniques peut-être mais des Ukrainiens, c'est une autre chanson?

Vladimir Poutine ne veut pas de troupes européennes en Ukraine

L'aspect le plus remarquable de cette coalition est sans doute la mention explicite d'une éventuelle présence militaire occidentale en Ukraine. « Le Royaume-Uni est prêt à se lancer là-dedans avec des troupes et une défense aérienne », a déclaré Keir Starmer, précisant que l'objectif était « de préserver la paix, pour éviter le conflit ». Mais que se passerait-il si les Russes devaient agresser ces troupes européennes en Ukraine ? Autre problème : Vladimir Poutine a fait savoir que la présence de soldats européens en Ukraine serait inacceptable. On est donc encore très loin de la paix?

 

Au sortir de cette réunion, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a également annoncé qu'un « plan de réarmement » de l'Union européenne sera présenté le 6 mars, lors du sommet européen spécial convoqué par Antonio Costa, le président du Conseil. « Elle cherche à bricoler une nouvelle aide de 20 milliards d'euros à l'Ukraine mais sans avoir besoin d'un vote à l'unanimité », glisse un diplomate européen. Il s'agit en effet d'éviter le veto attendu du Premier ministre hongrois, Viktor Orban et de son homologue slovaque Robert Fico. Ça paraît toutefois compliqué car les questions budgétaires européennes se décident toujours à l'unanimité. Ursula von der Leyen devrait publier sous peu une lettre aux dirigeants européens détaillant sa proposition.



03/03/2025
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