3936-Macron : un Président ne devrait pas faire tout ça 2 posts
Macron : un Président ne devrait pas faire tout ça

Inventeur de l’hyperprésidence, Nicolas Sarkozy s’exaspérait de devoir tout faire lui-même. Vraiment tout, rajoute Emmanuel Macron, incarnation d’une ultra-présidence à mille lieues de la promesse de hauteur exprimée après la dissolution ratée. Samedi, le voilà chef de parti, lâchant devant les Jeunes en marche un volontairement ambigu « j’aurai besoin de vous ». Lundi midi, le voici Premier ministre, recevant à sa table son « collaborateur » logé à Matignon et plusieurs de ses ministres, pour superviser la construction budgétaire. Dans l’après-midi, à l’issue d’un Conseil de défense consacré à l’entrisme des Frères musulmans, le voilà simple conseiller, décrivant par visioconférence des mesures techniques à des journalistes médusés…
Si le Président pratique la confusion des pouvoirs, c’est pour mieux lutter contre son effacement programmé. Puisque la Constitution lui interdit un troisième mandat, il doit enjamber 2027, persuadé qu’une telle projection évitera une lente dévitalisation de sa fonction. Parce que la campagne pour la prochaine présidentielle a déjà commencé, il doit effacer 2027 afin de conserver un semblant d’autorité jusqu’au dernier quart d’heure. Dans le but de conjurer la peur du vide dans un contexte crépusculaire, il doit enfin tenter d’ignorer 2027, quitte à s’enivrer d’un activisme débridé sur la scène nationale malgré une activité dense en affaires étrangères.
Par sa nature interventionniste et les révisions ratées, ou du moins mal digérées, de la Ve République, le chef de l’Etat donne un nouvel éclat à cet « absolutisme inefficace » si bien décrit par Jean-François Revel. Il pousse à son extrême la personnalisation de la figure présidentielle en même temps qu’il rend irresponsables tous les pouvoirs dans un pays au bord de la faillite faute d’avoir su choisir. Une étrange façon de fêter le scrutin qui l’a dépouillé, un 7 juillet, de sa puissance.