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La cruelle beauté du sport

 

 

 

Vous n’aimez pas le sport ? OK. Vous n’avez aucune appétence
pour le rugby ? Pas de souci. Une immense majorité des
milliers de lignes qui composent votre quotidien préféré
aujourd’hui vous permettront d’oublier celles-ci. Mais si vous
êtes toujours là, vous verrez, il ne s’agit pas seulement de cela. Parce que
si vous av(i)ez regardé la finale du Top 14, le championnat de France de
rugby, samedi soir entre le Stade Toulousain et l’Union Bordeaux-
Bègles (UBB), il était facile de saisir bien autre chose que la beauté des
passes, l’intensité des plaquages ou la subtilité des décisions arbitrales.
En direct du Stade de France à Saint-Denis ou devant un écran, il était
en revanche très simple de capter la ferveur de 80 000 personnes
réunies sans autre but que de manifester leur joie pour comprendre, au
bout du scénario de cette finale sensationnelle, qu’en matière de dramaturgie,
le meilleur de Netflix ne vous offrira jamais cela. Avec des personnages
sans maquillage, de la sueur authentique, des pleurs spontanés, de
joie comme de dépit, des émotions pleines, entières. La vraie vie, sans
faux-semblants, dans toute sa beauté et avec sa part de cruauté. Bien éloignée
de Gaza, Tel-Aviv, Marioupol, Téhéran ou plus encore

de la Trump Tower ? Oui, bien sûr. Justement.


La morale de cette histoire, au fond si légère ? Toulouse est champion.
Le plus fort du jour a gagné. L’outsider a encore vu le Brennus lui filer
sous le nez. Mais les deux ont fait palpiter les coeurs, frissonner les
peaux, intensément. Et ces moments sont rares. Bien entendu, ça
n’édulcore pas la frustration des milliers de supporters de l’UBB, que la
bande du président Marti n’a pas fini de régaler ; fatalement, cela nourrit
le – légitime mais parfois irritant – complexe de supériorité des vainqueurs,
sur l’air du célèbre « À la fin, c’est Toulouse qui gagne ».


Rien de grave, finalement. Si cela ne fait qu’exacerber la guéguerre
entre les deux capitales de la chocolatine, ces lointaines voisines qui
font semblant de ne pas s’aimer et pourraient finir par se réconcilier si
un jour une ligne de TGV les unissait… « Que le meilleur gagne, mais
pas trop souvent », disait Antoine Blondin. Avec les Rouge et Noir, l’auteur
d’« Un singe en hiver » n’aurait pas été déçu. « Ce soir le meilleur a
gagné », dit Yannick Bru, Gersois, ex-Toulousain, coach des Bordelais.
«Ne pas oublier que c’est un jeu », répond sans le savoir Ugo Mola,
entraîneur toulousain né en Gironde. Des mots justes. Et une petite
fierté de voir que c’est de notre région que partent ces bonnes vibrations.
Voilà, vous pouvez retourner à vos occupations. C’était manière
de vous conter un joli moment. Avec sa fin, aussi belle que cruelle.

 

 

                                             Jean-Pierre Dorian éditorial sud-ouest



30/06/2025
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