Il est temps que les travaux reprennent vraiment. Pour tout dire, il est même temps que le chantier s’achève. Grand temps que les premiers véhicules circulent enfin sur ces cinquante-trois kilomètres d’autoroute. Bref, il est temps que Castres se rapproche de Toulouse.

Trop longtemps l’A69 n’a été qu’un projet. Pourtant il faisait presque l’unanimité auprès des élus de tous bords, auprès des assemblées politiques et de l’Etat, des décideurs économiques et des populations. Tous y voyaient comme un aménagement routier qui allait de soi, qui désenclaverait enfin le sud du Tarn et lui permettrait d’être normalement relié au réseau autoroutier national comme la plupart des territoires. Les premières études étaient forcément favorables, elles confortaient le caractère d’« utilité publique » du projet, les financements étaient votés, on prenait en considération les contraintes environnementales, le chantier pouvait commencer, il serait même aujourd’hui en cours de finition si, depuis près de trois ans, une contestation plus politique qu’écologique ne tentait d’en perturber le bon déroulement.

Si bien que, désormais, l’A69 qui devait relier les hommes est devenu le symbole d’une lutte qui, au contraire, les déchire brutalement.
Le prochain week-end, plusieurs organisations veulent s’emparer de ce symbole – pour « un rassemblement festif et familial », comme l’affirment les plus modérés. Mais personne ne croit à un scénario aussi naïf et bienveillant.

Car, pour les mouvements les plus radicaux, le sud du Tarn est désormais un champ de bataille. Il y a un an déjà, de violents affrontements les avaient opposés aux gendarmes. Depuis deux ans, des actes de vandalisme, des incendies et destructions d’engins, des intimidations d’ouvriers du chantier se succèdent le long du tracé. Parmi les appels au rassemblement de ce week-end, certains prévoient que « le Tarn va trembler ». Autant dire que les autorités ne se font pas d’illusions et mobilisent d’ores et déjà les forces de l’ordre pour tenter d’éviter saccages et incendies.

Car nous sommes loin des messages de l’écologie politique, la plupart pacifistes. Avec l’A69, une nébuleuse de casseurs trouve un prétexte pour créer un point de chaos, attirer ici un maximum d’ultras venus de toute la France et semer la peur et le désordre.

Bien sûr, il ne faut pas céder à la peur et au désordre. Un récent sondage (Odoxa) indique que 75 % des habitants sont favorables à l’autoroute A69. Une minorité, qu’elle soit modérée ou violente, ne saurait leur imposer son diktat.
Oui, il est grand temps que l’autoroute devienne une réalité !