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Soyez en bonne santé, il faut sauver la Sécu
Le trou de la Sécu, le sujet n’est pas nouveau. Sauf qu’il s’est mué
en gouffre, si l’on en croit les chiffres assénés par la ministre de
la Santé Catherine Vautrin, auditionnée hier devant l’Assemblée
nationale après l’alerte lancée le 18 juin sur le « risque sérieux
» de dérapage des dépenses de santé.
Le comité d’alerte de l’Ondam (objectif national de dépenses d’assurance
maladie) prescrit un coup de rabot de 1,3 milliard d’euros pour
éviter la banqueroute pure et simple. « C’est tout notre édifice qu’il
convient de consolider pour qu’en 2045 nos enfants puissent célébrer
le centenaire de la Sécurité sociale et non pas faire le récit d’un objet
abandonné pour des raisons financières », a toussé Catherine Vautrin.
Le budget annuel des dépenses de protection sociale est abyssal :
784 milliards d’euros, soit 25 % du PIB. C’est grave, docteur ? Depuis
cette alerte, le gouvernement a identifié le moyen d’économiser 1,7 milliard.
Non sans reprocher aux assurés d’être trop souvent en arrêt maladie
(+6 % par an d’augmentation des arrêts depuis 2019). Solution
évoquée ? Limiter la durée des arrêts, contrôler davantage les prescripteurs,
responsabiliser les Français,et réduire encore les indemnités
journalières.Trop d’affections longue durée(ALD) aussi :
15 millions de Français sont pris en charge à
100 % pour des pathologies graves ou chroniques comme
des cancers, AVC invalidants, diabète, Alzheimer, Parkinson, etc. Mauvaise
nouvelle : une situation de rémission pourrait désormais signifier
leur sortie du dispositif ALD.
Un régime de crise auquel il faut ajouter la baisse tarifaire des transports
sanitaires, le report de la revalorisation des kinés et médecins
spécialistes, les économies de médicaments, etc.
Est-ce le glas du modèle de Sécurité sociale à la française ? Tout au
moins un sacré changement de paradigme, quand la ministre annonce
vouloir miser « sur la prévention » : encourager les dépistages, la vaccination
et « faire changer les comportements ». Bannir alcool et tabac,
motiver les Français à faire du sport, agir sur les conditions de travail et
le burn-out, réduire l’absentéisme. « La prévention, c’est moins cher »,
conclut Catherine Vautrin. Oui, surtout quand elle n’est pas prise en
charge, à l’instar du projet de déremboursement des cures thermales.
Vieillir en bonne santé, en travaillant le plus longtemps possible : rien
de plus efficace pour sauver le système de retraite et celui de la Sécurité
sociale. Vous reprendrez bien un antidépresseur ? Ah non, c’est la pénurie.
Éditorial Sud-Ouest Aude Ferbos