3898-Israël-Iran : "Ni complaisance, ni guerre, mais oui au changement de régime" 1 post
TRIBUNE. Guerre Israël-Iran : "Ni complaisance, ni guerre, mais oui au changement de régime", pour le politologue Hamid Enayat
Hamid Enayat est politologue, il collabore avec l’opposition démocratique iranienne (CNRI), il expose dans La Dépêche du Midi son point de vue sur les frappes américaines en Iran. Tribune.
Le bombardement des installations nucléaires de Fordo et de Natanz a marqué la fin d’un programme atomique qui a duré 25 ans et coûté plus de 2 000 milliards de dollars. Un projet qui a plongé les deux tiers de la population iranienne sous le seuil de pauvreté et causé la mort de nombreuses personnes. Aujourd’hui, le peuple iranien, avec la fin de ce projet contraire à ses intérêts, réclame la fin de la guerre et le retour à la paix.

En 2002, le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), une coalition de forces démocratiques iraniennes, a révélé l’existence du programme nucléaire clandestin du régime. Depuis, il n’a cessé d’alerter sur le danger que représenterait un Iran doté de l’arme nucléaire, à travers conférences, discours et publications — mais surtout, sur l’ingérence régionale du régime, cent fois plus destructrice.
Issu de pensées médiévales, incapable de répondre aux besoins fondamentaux économiques et culturels du peuple, le régime iranien n’a garanti sa survie que par la guerre et le massacre. Cette dictature religieuse fait face à des résistances réparties dans tout l’Iran, qui s’inspirent des slogans "Non au régime imposé", "Non à la religion imposée" et "Non au voile imposé", et œuvrent pour instaurer la liberté en Iran et la paix dans la région. Rien qu’en l’année iranienne écoulée, elles ont mené plus de 3 000 actions contre la répression et plus de 30 000 initiatives de sensibilisation contre les mollahs.
Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne, a réaffirmé, dans un message publié après les frappes américaines contre les sites nucléaires du régime, que seule une alternative populaire, organisée, laïque et démocratique est en mesure de faire face à cette dictature et de garantir une paix durable. Depuis 45 ans, ce régime — sans jamais être inquiété — a déclenché une guerre de huit ans avec l’Irak, causant plus de deux millions de morts et de blessés côté iranien, et des centaines de milliers de victimes en Irak. En Syrie, il a massacré des dizaines de milliers d’enfants et de familles, transformant le pays en base arrière de ses ambitions belliqueuses. Au Liban, en s’appuyant sur le Hezbollah, il a ruiné l’économie nationale. Il a également créé, à grands frais, un réseau de milices par procuration pour servir de bras armés à son expansionnisme.
Depuis plus de quarante ans, une résistance acharnée se dresse contre ce régime. Elle a survécu à deux massacres majeurs, en 1981 et en 1988. Lors du second, quelque 30 000 prisonniers politiques ont été exécutés. Pourtant, cette résistance demeure debout, enracinée dans le peuple. Incapable de l’éliminer, le régime iranien a tenté de la discréditer par la diabolisation et d’autres stratagèmes visant à la neutraliser. Des milliers d’unités de résistance poursuivent aujourd’hui leur action à travers tout le pays.
Ce combat incarne la voie d’une troisième option : ni complaisance, ni guerre, mais oui au changement de régime. En route vers un Iran libre, une république démocratique et non nucléaire, avec séparation de la religion et de l’État, et égalité des sexes. Le peuple iranien a exprimé sans ambiguïté sa volonté de renverser ce régime à travers au moins quatre soulèvements nationaux, dont le dernier a eu lieu en 2022. Les exécutions quotidiennes sont la conséquence directe de l’existence de cette résistance, qui terrifie le régime.
Ce n’est que par son renversement que les crises en Iran prendront fin et que la paix et la stabilité reviendront en Iran et dans la région. Malheureusement, durant ces quarante années, la politique de complaisance n’a fait que renforcer l’arrogance du régime ; ainsi, après l’accord nucléaire de 2015 (JCPOA), il a poursuivi l’enrichissement de l’uranium jusqu’à 60 %, accumulant de quoi produire au moins dix bombes atomiques.