3891-LGV Bordeaux-Toulouse : garder la ligne…

EDITO. LGV Bordeaux-Toulouse : garder la ligne…

  • Sébastien Marti.
    Sébastien Marti.
Publié le 

L’Occitanie est-elle condamnée à rester le parent pauvre de l’Etat ? Après l’espoir suscité par l’ancien Premier ministre Jean Castex, qui avait donné une impulsion déterminante au projet de ligne à grande vitesse Toulouse-Bordeaux, une note interne du ministère de l’Economie et des Finances est en train de jeter le trouble. Ce document, annoté et validé par la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, vise en effet à recenser les pistes d’économies potentielles alors que l’Etat doit faire face à un déficit abyssal.

 

Parmi les suggestions, l’abandon pur et simple des financements des lignes à grande vitesse Toulouse-Bordeaux et Nice-Marseille pour lesquelles l’Etat participe à 40 %. Les projets de RER métropolitains, encouragés par Emmanuel Macron au début de son second mandat, seraient aussi sur la sellette. "Excellente reco", a annoté la ministre au bas du document – un commentaire lapidaire qui, vu d’Occitanie, sonne comme une gifle. Si les menaces de Bercy se confirment, l’État commencerait alors à sérieusement "déco"…

On comprend que vu de Paris, les blondes d’Aquitaine et les gasconnes peuvent continuer à regarder passer les trains. Après tout, ça ne fait que quarante ans que le sud-ouest attend le TGV pour se connecter à la capitale. Il fut même un temps où l’on évoquait le projet comme un vague fantasme, le fameux serpent de mer des récits mythologiques. Le Midi était alors voué à retarder toujours d’une heure… Et tandis que les travaux ont commencé depuis plusieurs mois à l’extrémité des deux métropoles régionales, il faudrait maintenant que la grande vitesse fasse marche arrière, sacrifiée sur l’autel de l’austérité. Or nous voulons garder la ligne – sur le budget comme sur les rails. L’Etat doit respecter la parole donnée et vite lever toute ambiguïté.

Le tour de vis sur la grande vitesse a quand même trouvé des supporters : les militants écologistes opposés au projet. Les collectifs anti-LGV, dont certains ont déjà pris position de part et d’autre du tracé, ont accueilli la nouvelle avec enthousiasme. Ils considèrent le projet anachronique et destructeur pour l’environnement, et estiment que les investissements devraient plutôt servir à moderniser le réseau existant. À peu de chose près les mêmes arguments opposés à l’A69. Et ce n’est pas le moindre des pièges tendus au Grand Projet Sud-Ouest (GPSO).

En effet, si l’Etat qui est le premier contributeur avec les collectivités locales enfonce un coin sur le coût de la ligne à grande vitesse, il offre un levier stratégique aux opposants, qui ne manqueront pas de qualifier le projet de ruineux et déconnecté des priorités écologiques actuelles. Nul doute qu’ils sauront trouver une oreille attentive parmi certains juges administratifs réceptifs aux arguments écologistes les plus stricts. Ils ont d’ailleurs rendez-vous après l’été devant le tribunal administratif de Toulouse, le même qui avait ordonné l’arrêt du chantier de l’A69. On connaît déjà leur "reco"…



20/06/2025
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