Après la parade, la gueule de bois pour Trump ?

Samedi devait être sa journée. Pour ses 79 ans, Donald Trump
ne s’est pas contenté de souffler ses bougies sur un énorme
gâteau dégoulinant de crème, il a vu beaucoup plus grand et
s’est offert le plus imposant défilé militaire organisé dans le
pays depuis près de trente-cinq ans. Sept mille soldats, 150 chars et
tanks, des dizaines d’avions et d’hélicoptères rassemblés sur Constitution
Avenue à Washington et un public visiblement moins nombreux et
enthousiaste que prévu, en dépit des 250 000 spectateurs annoncés par
la Maison-Blanche. Car au pays de l’Oncle Sam, où ce genre de démonstration
de force demeure très inhabituel, la parade pour les 250 ans de
l’Armée évoque davantage les images de propagande de la Corée du
Nord que les festivités du 14-Juillet en France qui avaient tant plu au
président républicain lors de son premier mandat. D’autant que ce jour
de célébration a été endeuillé dans la matinée par la mort d’une élue
démocrate du Minnesota et de son mari, abattus à leur domicile.
Les manifestations géantes organisées à travers tout le pays
pour protester contre la « militarisation de la démocratie » par
Donald Trump ont achevé de gâcher le « happy birthday »du président.

Cette fête ratée annonce peut-être un réveil de la démocratie américaine
face aux dérives de son dirigeant. Les 2 000 rassemblements
«No kings » – « pas de roi », en référence à l’autoritarisme du président –
révèlent que les citoyens peuvent encore se mobiliser pour dénoncer
les attaques de l’administration Trump contre les immigrés et la
science. En parallèle, d’autres contre-pouvoirs se lèvent en défense des
valeurs fondatrices des États-Unis, la liberté d’expression et l’accueil.

La justice américaine a ainsi suspendu la mesure prise par Trump pour
interdire les étudiants étrangers à Harvard, l’université qu’il accuse
d’être un bastion du wokisme, de l’antisémitisme et une porte d’entrée
du Parti communiste chinois. L’audience programmée ce lundi dans
cette affaire dira jusqu’à quel point la justice peut s’opposer aux diktats
présidentiels. Dans l’histoire, les juges ont reçu le soutien subtil des très
conformistes Bourses Fulbright, un prestigieux programme de soutien
aux étudiants étrangers. Les 12 membres du conseil d’administration,
nommés par les présidents américains, ont démissionné pour exprimer
leur inquiétude après l’opposition de l’administration à l’attribution
de bourses à des personnes déjà sélectionnées. Alors que Trump
se paye un caprice à 45 millions de dollars, la colère monte et l’opposition
se manifeste, y compris là où il ne s’y attendait peut-être pas.

                                          éditorial  Sud-Ouest Stéphanie Lacaze