3843 -ÉLECTIONS MUNICIPALES 2026. Quand les maires lâchent l’écharpe 2 posts

Quand les maires lâchent l’écharpe

 

 

Le mandat de maire, notamment dans les
plus petites communes, se traduit souvent
par un engagement de tous les instants.
Et quand l’épuisement apparaît, la
démission se profile comme seule solution

 

 

 

ÉLECTIONS MUNICIPALES
2026


Dossier réalisé par Valérie Deymes SUD-OUEST


La commémoration de la rafle du Palace, le samedi 10 mai dernier à Périgueux, aura été son dernier acte de maire avant le baisser de rideau définitif sur le mandat qu’elle a décidé. « Un crève-cœur », comme elle le qualifie. Delphine Labails, première magistrate de la capitale départementale de la Dordogne depuis 2020, a rendu son écharpe (1). Épuisée.


D’autres, comme elle – le maire de Créon (33) Pierre Gachet, celui de Labenne (40) Jean-Luc Delpuech – ont démissionné début 2025, quand des collègues – Jean-Louis Coureau à Puymirol (47) en janvier 2023 et Agnès Versepuy auTaillan-Médoc (33) en mars 2024, les ont précédés. Si Agnès Versepuy avait justifié, sourire aux lèvres, sa décision par le souhait de préparer sa succession, pour les autres précités,fatigue, las situde, parfois burn-out ont poussé l’écharpe à glisser de leurs épaules.

 

Exigences citoyennes
Les conditions dans lesquelles a dé- buté le mandat 2020-2026 ont pu plomber le moral des plus aguerris.
« Nous nous sommes retrouvés face au Covid et au confinement. La nou velle équipe rajeunie que j’avais embarquée sur ma liste pour mon quatrième mandat a dû attendre juin pour se réunir. La dynamique sur la quelle je tablais a été cassée. Les problématiques qui ont découlé de la,situation sanitaire ont anémié l’envie de certains de mes jeunes co listiers. Le mandat a commencé à être compliqué », lâche Jean-Louis Coureau, alors maire de Puymirol.


A contrario, Covid, guerre en Ukraine, et inflation énergétique qui en a découlé ont plutôt été sources d’émulation pour Delphine Labails, alors élue maire de Péri gueux après avoir été successive- ment première adjointe puis conseillère municipale. « Il a fallu se réinventer, aller à l’essentiel et remobiliser son énergie. »
Bon, tout n’était pas rose. L’élue reconnaît qu’en fonction des préfets (elle en a connu trois), la lourdeur administrative a été plus ou moins facile à digérer. « Recevoir toutes les semaines des courriers parce que la virgule de tel dossier a été mal placée ou tel détail oublié participe à l’épuisement. Tout comme la remise en cause de vos décisions en interne par des fonctionnaires d’État. »


Et viennent s’ajouter des exigences sans concession de la part d’une minorité de citoyens. « Nous avons constaté, après le Covid, une augmentation des tensions voire de la violence dans les rapports sociaux, vis-à-vis des agents municipaux mais aussi des élus », fait remarquer la maire périgourdine démissionnaire, tout en ajoutant qu’elle ne s’est pas sentie directement visée. Les administrés continuent alors de
l’appeler par son prénom. Mais il y a le pendant de cette proximité :«On ne comprend pas que je fasse mes courses comme tout le monde ou que je participe à la réunion à l’école pour mes enfants.
Chaque fois, je suis interpellée en tant que maire.Je suis dans mon mandat à 120 %. Je ne maîtrise plus mon agenda. Je ne dors plus. Et un jour je n’arrive plus à me lever » Ma tête est dans le brouillard, je n’ai plus d’affect, je suis à bout… » Burn-out.

 

Engagement à 360 degrés
Pour Jean-Louis Coureau (2), investi depuis 1975 dans le syndicalisme puis vingt-cinq ans dans la vie de maire, l’engagement de tous les ins tants était une évidence. « Une asso ciation tient son assemblée générale, elle veut le maire présent. On vient sonner à la porte de votre domicile pour exposer un problème. Vous avez votre portable en permanence à la main. Vous croulez sous la pression sans arriver affective ment à vous en défaire. »

Des petits pépins de santé surgissent. L’élu est sommé par son médecin de souffler. Il décide de passer la main, en cours de mandat, et dé couvre « une autre vie, avec soirées entre amis, en famille, sorties au cinéma… »
Pascale Québec, elle aussi, aimerait passer la main, en 2026. Maire depuis trois mandats de la commune de Bossugan (33), 47 habitants, elle peine à trouver un suc- cesseur. Elle jongle entre les impéra tifs de sa vie professionnelle de prestataire viticole et ceux de son mandat municipal et communautaire, quand son indemnité de maire est de 800 euros mensuels. Alors, oui, même si elle est un « peu fatiguée », elle repartira si personne ne se lance en 2026.


(1) Delphine Labails continue d’être conseillère municipale et régionale. (2) Jean-Louis Coureau est aujourd’hui conseiller municipal à Puymirol.

 

 

 EN CHIFFRES

Depuis 2020, sur les 2 671com munes de Gironde, des Landes, de la Dordogne, des Pyrénées-Atlantiques, de Charente-Maritime et du Lot-et-Garonne, 202 ont connu un changement de maire ou une élection partielle avec renouvelle ment du maire sortant (7,5 %).Dans 3,5 % des communes, le maire a volontairement démissionné pour raisons politiques, professionnelles ou de santé (liées ou pas au mandat).



03/06/2025
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