La banderole mal venue des supporteurs

Ce n’est sûrement pas l’image qu’on retiendra en priorité de
l’implacable victoire du PSG, samedi soir. Il y a eu la liesse
collective. Il y a aussi eu, hélas, deux morts au cours des
célébrations du sacre, des incivilités et des interpellations.
Il faudra bien un jour répondre à cette question : pourquoi n’y a-t-il
rien à déplorer quand l’UBB exhibe son trophée européen au milieu
de 40 000 personnes tout autant électrisées par le trophée et
pourquoi, une semaine plus tard, faut-il plus de 5 000 policiers pour
prévenir des débordements qui se sont en effet produits ?
Cette image est furtive mais circule sur les réseaux sociaux. Une
banderole déployée par les Ultras parisiens, « Stop au génocide à
Gaza », écho à un précédent tifo, « Free Palestine », exhibé en novembre
lors d’un match contre l’Atletico Madrid. Cela ne signifie pas
que l’ensemble des fans du PSG partage cette opinion ni
que la direction du club la valide, le nouveau roi du football
européen appartenant au Qatar qui finance le Hamas et
abrite ses principaux dirigeants.

Le PSG devrait d’ailleurs écoper d’une amende puisqu’il est interdit
de diffuser en tribune des messages politiques

ou insultants, comme en mars 2008 à l’encontre
des visiteurs lensois, traités de pédophiles et de consanguins.
Les années passent, la subtilité du supporteur ultra subsiste.

Reste qu’on a vu fleurir des messages d’encouragement au PSG, non
pas pour le talent de ses joueurs mais pour ce slogan applaudi par
les partisans de la cause palestinienne. Une banderole étalée alors
que, quelques heures plus tôt, le Mémorial de la Shoah, deux synagogues
et un restaurant ont été victimes de dégradations. Des établissements
juifs, clairement identifiés. Les Juifs étaient ciblés, pas Israël.

Il n’y a donc aucun doute sur la portée antisémite du geste
tout en n’ignorant pas qu’il peut s’agir d’une manipulation russe, la
même qu’en octobre 2023 avec des étoiles de David taguées à Paris.
Mais c’est aussi le fruit prévisible d’une stratégie indigne consistant
à jouer avec le feu qui ravage le Proche-Orient, choisie par les extrémistes
de tout bord. D’un côté ceux qui ne condamnent qu’Israël, de
l’autre le gouvernement Netanyahou qui dénonce « la croisade
anti-juive » de l’État français. Il est temps pour lui de comprendre
qu’un soutien inconditionnel à l’existence d’Israël n’équivaut pas au
soutien inconditionnel de sa politique meurtrière du talion.

                                       Benoît Lasserre éditorial Sud-Ouest