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François Bayrou : la stratégie du « moi ou le chaos budgétaire »

Tout le pari budgétaire de François Bayrou tient en une phrase : « Que les Français se disent : “C’est vrai, on ne peut pas faire autrement” ». En clair, qu’il n’y a pas d’autre issue que les 40 milliards d’euros d'économies promis pour redresser les comptes publics en 2026. D’où, en avril, l’alerte à visée pédagogique sur le « piège dangereux » de la dette. D’où ce mardi une intervention télévisée dont on retiendra qu’il sera « demandé un effort à tous les Français ». Est-ce un plan, est-ce du flan ? Difficile à dire tant le Premier ministre manie la formule choc « il n’y a pas d’alternative » avec ambiguïté.
S’il est cash sur le désastre des finances de la Nation, l’hôte de Matignon l’est moins sur les moyens d’y répondre. Rendez-vous en juillet, paraît-il. Mais qui croit que des citoyens lucides accepteront alors sans broncher une forme de rigueur au prétexte que rien ne sera fait « sans eux » ? Qui croit que le gouvernement aura le courage d’agir quand son chef n’ose même pas reconnaître que notre modèle social est « trop » généreux ? Et qui croit que, sans référendum, une prise de conscience populaire suffira à court-circuiter des partis déjà vent debout à la seule hypothèse d’une TVA sociale ?
Sans consensus, ni convictions, François Bayrou maintient le flou pour jouer la montre. Sa méthode : ne rien dire, ne rien faire jusqu'à l’inévitable épisode du « moi ou le chaos budgétaire », en septembre, une fois examiné par les députés un programme quadri-annuel de redressement qui n’engagera personne. Et surtout pas une mini majorité obsédée par 2027. Par son mutisme, le Premier ministre n'élimine aucune option, même les pires. Car en France, qui dit justice, dit impôt, et qui dit enjeu national, dit intérêts catégoriels. Ce pari là n’est donc pas sans péril.