A69 : le retour du bon sens

    • Lionel Laparade. / DDM.
      Lionel Laparade. / DDM.  - LAURENT DARD
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    Lionel Laparade la DDM
     

    Trois mois presque jour pour jour après l’électrochoc de l’arrêt du chantier prononcé à la surprise générale par le tribunal administratif de Toulouse, les travaux de l’A69 vont pouvoir reprendre.
    Cette décision rendue ce mercredi par les magistrats de la cour administrative d’appel, n’est pas seulement une bonne nouvelle pour les habitants du sud du Tarn qui espèrent leur desserte autoroutière avec Toulouse depuis bientôt quarante ans. Elle ne consacre pas davantage la revanche tardive – et donc anachronique – de ces oubliés de l’aménagement du territoire, comme le suggèrent les opposants à ce projet. Non, cette décision provisoire, en attendant le jugement au fond de l’appel déposé par l’État, est avant tout celle du bon sens, de la raison et du progrès.

     

     

    Du bon sens tout d’abord. La longue histoire de l’A69 est jalonnée d’innombrables procédures contentieuses qui ont conclu par quatorze fois à une décision favorable à la poursuite du chantier, par ailleurs reconnu d’utilité publique en 2018. Jusqu’en février 2025, lorsqu’examiné au prisme du droit européen, le projet n’est plus apparu suffisamment indispensable pour justifier le sacrifice environnemental dénoncé par ses adversaires. Le texte invoqué par le tribunal administratif de Toulouse ne se contente pas de défendre l’environnement : il érige désormais la nature en valeur suprême, au détriment de toute autre considération, y compris sociale ou économique. Les soutiens à l’A69, élus locaux, industriels du sud du Tarn, ont vu dans cette décision une forme d’allégeance du Droit au principe de la décroissance…

     

    De la raison ensuite. Le 3 février dernier, le chantier de la liaison autoroutière entre Castres et Toulouse a été stoppé alors que 70 % des 200 ouvrages étaient terminés, et que la moitié des opérations de terrassement était accomplie.

    Dans l’hypothèse d’un effacement total de l’empreinte du projet sur l’environnement, plusieurs centaines de millions, voire quelques milliards seraient nécessaires. Et depuis l’arrêt du chantier, 17 millions d’euros de dépenses imprévues sont comptabilisés.
    Peut-on vraiment se permettre un tel gaspillage de fonds publics dans le contexte économique actuel ? La question se passe de réponse.

     

    Du progrès enfin. Et il n’est pas simplement question, ici, d’opposer justice, écologie et grands projets structurants. Avant-hier l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, hier l’A69, demain la ligne LGV Toulouse-Bordeaux…

    Dans une économie mondialisée et une hyperconcurrence entre superpuissances, la frénésie procédurale et judiciaire qui a paralysé le projet autoroutier nous rappelle non seulement l’impératif de l’attractivité et de la souveraineté auquel la France doit répondre, mais également l’obligation de concilier – ou réconcilier – exigences environnementales et enjeux d’intérêt général