3826-Dépenses sociales, la bombe à retardement
Dépenses sociales, la bombe à retardement
Dans le jargon parlementaire, un projet de loi fait la navette
entre l’Assemblée nationale et le Sénat. Si ladite navette est
un taxi, les élus des deux Palais (Bourbon et Luxembourg)
vont s’impatienter. La colère des chauffeurs ne faiblit pas,
contre la concurrence déloyale des VTC et contre le coup de rabot sur
la rémunération du transport des malades. Ces dépenses ont augmenté
de 45 % en six ans, passant de 3,07 milliards d’euros pour les
taxis conventionnés à 6,74 milliards.
Aucun responsable politique digne de ce nom ne peut procrastiner
en regardant des courbes aussi culminantes, pourvu qu’il n’oublie pas
à quel point un aller-retour gratuit de chez soi à l’hôpital rassérène les
patients atteints d’une lourde maladie et leur évite une double peine,
sanitaire et budgétaire. À moins que l’empathie soit bannie de Bercy.
Le trou le plus célèbre, et le plus redouté de France, celui de la
Sécurité sociale, continue de se creuser à vitesse vertigineuse,
s’enfonçant à plus de 22 milliards d’euros. Au point que la
Cour des comptes tire la sonnette d’alarme. Elle la tire tellement
souvent que le cordon va lui rester dans les doigts. Selon
les magistrats de la rue Cambon, la Sécu risque de se retrouver à
court de liquidités dès 2027 et dans l’incapacité d’emprunter.
Son besoin de financement est estimé à 89 milliards d’euros dans
deux ans alors qu’il était de 20 milliards en 2024. Ce n’est plus une
hausse, c’est une bombe à retardement dont les fragments vont estropier
les Français, surtout les plus modestes, comme d’habitude.
Pour redonner de l’oxygène à la Sécurité sociale et d’abord aux organismes
qui gèrent sa dette colossale, il est indispensable de passer par
une loi. Dans le climat parlementaire actuel, autant faire avouer à
Emmanuel Macron qu’il a commis la pire boulette de son double
mandat en renvoyant les députés devant leurs électeurs.
La porte ouverte par François Bayrou au retour de la TVA sociale
agira d’ailleurs comme une allumette dans un baril de poudre. Un
point de TVA peut certes rapporter de 8 à 12 milliards d’euros. Mais
les dépenses d’assurance maladie sont déjà couvertes par 28 % de la
TVA et on voit le résultat. La TVA sociale grèverait de surcroît le pouvoir
d’achat des moins fortunés de nos compatriotes, et ils sont nombreux
! Encore un Himalaya qui se dresse devant François Bayrou.
C’est pied à pied et au piolet qu’il faudra le gravir, pas à l’arrière d’un
taxi
Éditorial S-O
Benoît Lasserre