EDITO. Gaza : une âme ébranlée

    • Jean Claude Soulery.
      Jean Claude Soulery. DDM - DDM
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    Jean-Claude Souléry la DDM

    Gaza est aujourd’hui synonyme de l’extermination d’un peuple. Depuis le 7 octobre 2023 – l’attaque terroriste du Hamas, une incursion qui a tué 1 200 Israéliens doublée d’une prise d’otages –, depuis ce jour maudit, le ciel ne cesse de déverser des bombes sur la petite enclave palestinienne. Sous prétexte de vouloir en finir avec les islamistes du Hamas, le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu a entrepris de rendre la vie impossible aux deux millions de civils pris au piège d’une terre dévastée. Contrairement aux conflits précédents limités dans le temps, les ravages d’aujourd’hui ne paraissent pas devoir s’arrêter.

     

    Jour après jour, semaine après semaine, ils se poursuivent presque méthodiquement. Par le feu qui a déjà tué plus de 53 000 Palestiniens parmi lesquels femmes, enfants, vieillards – et combien de blessés – , par la destruction de l’habitat et des infrastructures, notamment hospitalières, par l’aggravation des pénuries alimentaires et du manque d’eau, le gouvernement israélien ne cache plus sa volonté d’éradiquer la population palestinienne, et ses ministres d’extrème-droite assument publiquement leur souhait de "supprimer définitivement le problème Gaza" car, à Gaza, il n’y aurait pas de "civils innocents" – au point que des voix s’élèvent pour dénoncer ce qui serait un "génocide".

    Est-il imaginable que ce déluge de feu prenne fin ? Le gouvernement israélien, bien au contraire, annonce une intensification de cette guerre à sens unique, comme s’il était libéré de toute contrainte universelle. Mais, avec son obstination meurtrière, il prend surtout le risque d’entraîner Israël dans une catastrophe morale.

    C’est d’ailleurs ce que dit l’ancien Premier ministre de la gauche israélienne Ehud Barak qui appelle ses concitoyens à une "révolte civique" pour faire tomber Netanyahu et son gouvernement "avant qu’il ne nous entraînent dans l’abîme". C’est aussi ce que scandent chaque fin de semaine les manifestants de Tel-Aviv, qui réclament à la fois le retour des derniers otages et des élections législatives qui renverseraient leur gouvernement.

    Car la société israélienne est divisée politiquement, et l’âme juive profondément ébranlée. Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent dans tout le pays, mais aussi parmi des personnalités juives à travers le monde, car elles ne reconnaissent plus Israël – et les promesses qui furent celles de ses pères fondateurs. Elles dénoncent les fanatiques qui le dirigent et s’affranchissent à ce point de toute valeur. Elles sont le vrai visage de l’État hébreu.

    Ce sont toutes ces voix de plus en plus fortes qu’il nous faut entendre et soutenir – pour peu que nous défendions sincèrement l’existence d’Israël, sa sécurité, le retour d’une paix durable, et combattions les crimes d’un antisémitisme qui semble s’installer un peu partout dans le monde.

    Obliger par tous les moyens Benjamin Netanyahu à arrêter sa guerre contre le peuple de Gaza, s’il le faut le condamner lui et les siens, et retrouver enfin Israël dans le concert des nations.