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Bruno Retailleau à la tête de LR, un succès personnel
On ne saura donc jamais si, comme il l’avait annoncé,
Laurent Wauquiez aurait nommé son rival Bruno Retailleau
premier vice-président des Républicains. Les promesses
du chef des députés LR n’engagent que ceux qui les
croient et ils ne sont plus beaucoup à lui faire confiance. À commencer
par les adhérents du parti de droite qui, hier, n’en ont pas voulu pour
président, lui préférant de très loin le ministre de l’Intérieur (lire aussi
en page 8).
Après le Niçois Éric Ciotti qui rêvait de la place Beauvau, voici donc
son actuel patron élu au sommet d’un parti rétréci par l’irruption du
macronisme et l’ascension du lepénisme. Difficile d’affirmer qu’entre
Retailleau et Wauquiez, c’est le modéré qui l’a emporté. Le discours du
Vendéen, disciple à ses débuts de Philippe de Villiers, n’est pas moins
de droite, pas moins libéral, pas moins conservateur que celui de l’élu
de Haute-Loire, adoubé par le très centriste Jacques Barrot qui s’en
mordit vite les doigts. C’est donc un succès personnel.
Que peut faire Bruno Retailleau de son ample victoire ? S’il devance
Laurent Wauquiez, avec de la marge, dans les enquêtes de popularité,
le nouveau général LR n’est pas non plus plébiscité par les Français, et
l’espace pour accéder à l’Élysée est exigu comme un trou de souris.
Après s’être fait étriller, Laurent Wauquiez va-t-il se mettre au service
de celui qui lui a barré la route ou va-t-il se glisser, tel un caillou,
dans sa chaussure droite, refusant de se réveiller de sa chimère
élyséenne ?
Quel que soit son jockey, le cheval Républicain n’a plus la vigueur
nécessaire pour remporter la course majeure.
Pour qu’il exerce le pouvoir, il faut le jouer placé, pas
gagnant, ce qu’a bien perçu Bruno Retailleau. Y compris à l’échelon
local où les LR restent fortement implantés. Wauquiez lui-même, qui
rue des quatre fers quand on lui parle d’alliance avec le camp présidentiel,
ne soutient-il pas Rachida Dati à Paris, une ministre macroniste,
plus par pragmatisme, certes, que par conviction ?
Clin d’oeil du calendrier, Édouard Philippe réunissait samedi à Marseille
ses troupes d’Horizons. Fringant dans les sondages, le maire du
Havre hume une fin de cycle, jauge atouts et faiblesses de ses concurrents,
parmi lesquels Les Républicains, il muscle et droitise donc son
programme. Ni lui ni LR ne peuvent vaincre seuls. Soulagé par le plébiscite
de Retailleau, l’ex-Premier ministre n’a plus qu’à attendre qu’il
redescende de son nuage.
Benoît Lasserre éditorial Sud-Ouest