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EDF : les raisons de l'éviction brutale de son patron, Luc Rémont
Défendant bec et ongles les intérêts d'EDF, Luc Rémont a suscité l'exaspération des industriels, de l'Elysée et de Bercy. Il a été remercié ce vendredi 21 mars avant d'avoir atteint le renouvellement de son mandat en juin. Et devrait être remplacé par l'actuel dirigeant de Framatome Bernard Fontana.
L'affaire n'aura pas traîné. On savait la reconduction de Luc Rémont à la tête d'EDF, prévue à l'approche de l'été, sérieusement menacée. Le dirigeant a finalement été remercié dès ce vendredi 21 mars par le ministre de l'Economie Eric Lombard. Il n'aura donc même pas eu le temps de terminer son mandat d'administrateur, qui courait jusqu'au mois de juin. Une information révélée en premier lieu par le site Contexte. L'Elysée a déclaré dans la foulée envisager de nommer en remplacement Bernard Fontana, l'actuel directeur général de Framatome, sur proposition du Premier ministre. Framatome est une filiale d'EDF qui conçoit et fabrique des réacteurs.
Un divorce profond avec les industriels
Inutile de chercher bien loin les raisons de ce limogeage. Elles étaient publiquement sur la table depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois : EDF n'a pas réussi à s'entendre avec ses plus gros clients, les industriels. Se voulant avant tout un capitaine d'industrie soucieux de l'avenir de l'entreprise publique, et de la soutenabilité de ses comptes, Luc Rémont s'était montré dur en affaires, fin 2023, lors des négociations avec Bercy concernant le dispositif devant prendre la suite de l'Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) à partir de janvier 2026.
Il avait alors gagné une première manche, en imposant des prix élevés pour les contrats d'approvisionnement de long terme. Mais ces tarifs avaient ensuite dissuadé les industriels de signer de tels contrats. Puis, le 6 mars dernier, il y a eu l'annonce d'un système de vente aux enchères. Perçue comme une provocation par les industriels, elle a entériné la rupture.
L'agacement de l'Elysée malgré le redressement d'EDF
De son côté, l'Elysée n'a pas réussi à trouver de compromis avec Luc Rémont concernant le programme du nouveau nucléaire, et les délais de construction des nouveaux EPR. Et ce polytechnicien n'a pas marqué de points lors du Conseil de politique nucléaire, organisé avec Emmanuel Macron ce lundi 17 mars. Une réunion qui a probablement été décisive dans son éviction. Luc Rémont a donc fini par se mettre tout le monde à dos, même s'il était apprécié par ses équipes en interne.
Arrivé à la tête d'EDF en pleine crise en novembre 2022, cet ancien de Schneider Electric ou de Bank of America Merril Lynch, peut toutefois s'enorgueillir d'avoir redressé l'entreprise publique. Si la dette s'élève encore à 53,4 milliards d'euros, les performances industrielles ont été relevées de façon spectaculaire, avec une hausse de 12% de la production nucléaire en 2024. L'épisode cauchemardesque des fissures affectant certains réacteurs n'est plus qu'un mauvais souvenir et la centrale de Flamanville a enfin été lancée. EDF, c'était la «mission de sa vie», avait lâché Luc Rémont aux parlementaires qui l'avaient auditionné avant sa nomination officielle.