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Macron : après l’argent, le référendum magique
Une cote de popularité stabilisée à – seulement – 28 % d’opinions favorables, mais en progression de 7 % depuis janvier 2025. Un Premier ministre devenu inaudible tant il s’est effondré dans les sondages et le cœur des Français. Des oppositions engluées dans les affaires, les règlements de comptes internes ou les tambouilles d’appareil… Puisqu’on n’est jamais mort et que le hasard a rarement sa place en politique, Emmanuel Macron se dit peut-être que l’heure de sa résurrection est enfin venue.
Il a fait ces derniers mois ce que tout président en situation de cohabitation ou tombé en disgrâce a fait avant lui, c’est-à-dire jouer la carte de l’international, avec l’espoir de retombées domestiques positives d’une mobilisation par-delà les frontières.
La ficelle est grosse et usée comme la Ve République, or pour le fossoyeur de "l’ancien monde", la vieille recette a très bien fonctionné. Qu’il s’agisse de la guerre en Ukraine, de l’élection à Berlin d’un nouveau chancelier de nature à rabibocher le couple franco-allemand, et bien sûr de la pagaille provoquée par Donald Trump et sa hausse brutale des droits de douane, l’actualité mondiale a permis à Emmanuel Macron d’apparaître sur de nombreux fronts, de faire entendre la voix de la France à l’étranger et de rétablir une forme de confiance avec les cadres, les chefs d’entreprise et les retraités notamment, après l’épisode calamiteux de la dissolution.
Une hirondelle ne fait évidemment pas le printemps, mais puisque le ciel est moins gris au-dessus de l’Elysée, son locataire veut pousser l’avantage et prévoit, pour cela, d’utiliser la baguette magique du référendum.
Tout n’est pas qu’affaire de calcul et de circonstances : cette forme d’expression populaire, Emmanuel Macron qui croit en son utilité, y tourne autour depuis son accession au pouvoir, et plus précisément depuis la crise des Gilets jaunes. Maintes fois promise et toujours repoussée, la consultation par référendum doit être inscrite pour de bon cette fois dans l’agenda des Français, dans le cadre d’une prise de parole télévisée du chef de l’État qui aura lieu ce mardi soir.
Dans un pays fracturé politiquement et socialement, l’objectif n’est pas d’ajouter de la division à la division. Pas question donc, de consulter les électeurs sur l’immigration, la réforme des retraites ou encore le budget de la France de 2026, comme François Bayrou en a évoqué l’hypothèse. Priorité sera certainement donnée à l’arbitrage de grands débats de société.
Un fin connaisseur de la vie politique me disait un jour qu’un référendum, "ça se perd". En sollicitant le suffrage populaire sur la fin de vie, la simplification de l’organisation territoriale ou peut-être encore le financement de notre modèle social, le président en fin de mandat espère sans doute réduire le risque d’un vote contre lui-même.
Il ne devrait d’ailleurs pas lier son destin au résultat du scrutin prévu après l’été, puisque cette initiative ne doit pas être un motif d’affaiblissement. Emmanuel Macron y voit au contraire une occasion de revenir aux affaires nationales, et de s’y maintenir jusqu’en 2027…