Automobile : normes énormes

    Dominique Delpiroux.

    • Dominique Delpiroux. DDM, Michel Labonne
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    Dominique Delpiroux

    On attend ces jours-ci une jolie fumée blanche au-dessus du Vatican… En attendant, c’est une vilaine fumée noire – signe funeste – qui s’échappe de l’industrie automobile européenne. Après un siècle de gloire et de progrès, voilà que la voiture cale à un carrefour des plus dangereux, entre l’Asie et l’Amérique, et se demande comment elle va pouvoir redémarrer.

    Ainsi, John Elkann et Lucas de Meo, patrons de Stellantis et Renault veulent nous montrer ce qui coince sous le capot, et met en péril la machine européenne. Et eux aussi, comme les agriculteurs l’an passé, dénoncent Bruxelles, l’Europe, et ces normes qu’ils doivent appliquer.

     

    De fait, on peut comprendre les paysans à qui on demande de se bagarrer sans pesticide face aux importations baignant dans le chimique. On devine le casse-tête des industriels qui doivent sans cesse avoir un œil sur de nouvelles nomenclatures qui freinent l’innovation. Aujourd’hui, ce sont deux patrons parmi les plus grands constructeurs européens qui sonnent la charge. Trop de normes, complexes, énormes, qui arrivent trop vite, qui sont rétroactives, qui exigent toujours plus, et sont parfois contradictoires voire absurdes. Paradoxe : ces réglementations sont encore plus pénalisantes sur les petites citadines électriques que sur les grosses berlines, celles d’Outre-Rhin par exemple. Or, entre la Chine et les Etats-Unis, la bataille fait rage… Renault et Stellantis vont se retrouver en cisaille sur leur marché local.

    Alors, faut-il tout déréguler ? N’oublions pas au passage que toutes ces normes facilitent le commerce européen, qu’elles protègent à la fois les travailleurs, les consommateurs et l’environnement. Voilà des vertus qui n’existent nulle part ailleurs dans le monde. Or, dans l’ambiance actuelle, faite de beaucoup de renoncements environnementaux, il y a fort à parier que si l’Europe en venait à assouplir ces exigences, ce serait d’abord au détriment de l’écologie. Et l’on retrouve une fois de plus un dilemme politique, voire moral, à trancher : sacrifier l’environnement ou sacrifier l’industrie ?

    Les principaux concurrents de l’Europe ont choisi. Pas de débat en Chine. Et Trump ne cesse d’afficher son plus total mépris de la préservation de la planète. Sale tenaille…

    Cette bataille a de quoi déconcerter aussi les consommateurs que nous sommes. Faut-il payer le double du thermique pour des véhicules dont on ne connaît pas la fiabilité à long terme ? Où en sont les batteries, les bornes de recharge, les tarifs futurs ? Faut-il choisir chinois, au détriment de l’Europe, faut-il bannir Tesla de l’inquiétant Elon Musk ? Est-ce le moment de bouder le diesel ou l’essence quand les prix à la pompe n’ont jamais été aussi raisonnables ? On est dans la fumée noire et dans le brouillard