3739-l’entrevue entre Trump et Zelensky au cœur de la basilique Saint-Pierre 4 posts
L’image improbable de l’entrevue entre Trump et Zelensky au cœur de la basilique Saint-Pierre
Volodymyr Zelensky a rencontré Donald Trump samedi matin à Rome, juste avant le début des funérailles du pape François. Les deux dirigeants doivent se revoir plus tard dans la journée à Rome, selon le porte-parole du président ukrainien.
«La réunion [entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky] a eu lieu et est déjà terminée», a indiqué à des journalistes le porte-parole du président ukrainien, Serguiï Nykyforov, sans fournir plus de détails. Des dizaines de chefs d'État ou de gouvernement et de hauts responsables ont convergé vers Rome samedi pour les funérailles du pape François, ouvrant la possibilité à de multiples rencontres diplomatiques.
Sur des photos partagées sur les réseaux sociaux, on voit le premier ministre britannique Keir Starmer, le président français Emmanuel Macron, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président américain Donald Trump, dans la basilique Saint-Pierre. Kiev a salué un premier échange «constructif» entre Zelensky et Trump.
Tous les quatre ont eu un échange «positif» sur l’Ukraine samedi à Rome en marge des funérailles du pape François, a annoncé l’Élysée. «Je confirme qu’il y a bien eu un échange du président avec Trump, Zelensky et Starmer et qu’il a été positif», a indiqué un conseiller de l’Élysée.
Donald Trump a assuré dans la nuit de vendredi à samedi que la Russie et l’Ukraine étaient «très proches d’un accord», sans en dévoiler le contour, tandis que son homologue russe Vladimir Poutine, avec lequel il a entamé depuis plusieurs mois un rapprochement sensible a évoqué la «possibilité» de «négociations directes» entre Moscou et Kiev.
Il n'y a eu aucune négociation directe entre les deux belligérants pour discuter d'un arrêt du conflit depuis celles qui ont échoué en 2022 dans la foulée de l'invasion russe.
L'émissaire américain Steve Witkoff, interlocuteur américain privilégié du Kremlin, a rencontré Vladimir Poutine vendredi, pour la quatrième fois depuis la relance des relations entre les deux puissances à l'initiative du président américain et plusieurs officiels russes ont affirmé que le dialogue russo-américain progresse de manière positive.
Parallèlement à ce rapprochement, Donald Trump, dont les équipes négocient séparément avec les Ukrainiens, a multiplié les critiques contre Volodymyr Zelensky, accusant l'Ukraine d'être un obstacle à la fin de la guerre, et plaçant le président ukrainien sous une très forte pression étant donné qu'il a un besoin vital du soutien militaire américain pour résister à l'invasion russe à grande échelle lancée en février 2022.
Donald Trump, qui avait affirmé pendant sa campagne électorale qu'il pourrait mettre très rapidement un terme à la guerre, semble vouloir forcer la main de Volodymyr Zelensky pour entamer un processus de règlement du conflit, mais Kiev craint que son protecteur américain le contraigne à accepter des conditions trop favorables au Kremlin, que ce soit sur d'éventuelles concessions territoriales ou les garanties de sécurité à l'Ukraine.
Donald Trump promet aux Russes de conserver la Crimée
Le président américain a ainsi assuré au magazine Time, dans un entretien diffusé vendredi soir, que la Russie conserverait la Crimée, une péninsule ukrainienne qu'elle a annexée en 2014 et dont la reconnaissance en tant que territoire russe est mentionnée, selon des médias, dans la proposition américaine de règlement.
«La Russie gardera la Crimée. Et Zelensky comprend ça», martèle ainsi le président américain dans Time à propos de cette péninsule stratégique donnant accès la mer Noire que la Russie a annexée en 2014.
Mais le président ukrainien a réfuté cette idée: «Notre position reste inchangée (...) tous les territoires temporairement occupés appartiennent à l'Ukraine», a déclaré aux journalistes M. Zelensky.
Donald Trump a aussi fait de nouveau porter à l'Ukraine la responsabilité du conflit, considérant que «ce qui a fait commencer la guerre, c'est quand ils (les Ukrainiens, ndlr) ont commencé à parler de rejoindre l'Otan», reprenant de facto les éléments de langage diffusés par la Russie depuis des années.
C'est l'armée russe qui a envahi à grande échelle le territoire ukrainien en février 2022, déclenchant un conflit sans précédent en Europe depuis des décennies.
Les possibles concessions territoriales qui seraient exigées de Kiev dans le cadre des projets américains sont très clivantes en Ukraine, pays dont la Russie contrôle aujourd'hui environ 20% de la superficie.
«Un des scénarios (...) serait d'abandonner des territoires. C'est injuste, mais pour la paix, une paix temporaire, peut-être que c'est une solution, temporaire», a à cet égard confié le maire de Kiev, Vitali Klitschko, à la BBC vendredi.
La Russie poursuit ses frappes
Parallèlement à cette effervescence diplomatique, la Russie continue de lancer des frappes massives contre l'Ukraine, pour bien marquer l'ascendant militaire qu'elle consolide progressivement depuis des mois.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, une volée de missiles et de drones a frappé Kiev, faisant au moins 12 morts et des dizaines de blessés.
Ce bombardement meurtrier russe a poussé Donald Trump à adopter un ton moins conciliant avec Vladimir Poutine : «Vladimir, ARRÊTE!», s'est-il agacé, «pas content», sur Truth Social.
Il a également assuré que Washington exerçait «une forte pression» sur Moscou en vue de mettre fin au conflit, jugeant que la Russie ferait «une assez grosse concession» en acceptant de ne pas s'emparer de toute l'Ukraine.
Kiev et ses alliés européens accusent la Russie de prolonger à dessein les pourparlers en présentant toujours publiquement des exigences maximalistes: le contrôle des cinq régions ukrainiennes dont elle revendique l'annexion, la renonciation de l'Ukraine à rejoindre l'Alliance atlantique et sa démilitarisation.
L'Ukraine veut, quant à elle, des garanties de sécurité militaires solides de ses alliés occidentaux pour dissuader Moscou d'attaquer à nouveau après la conclusion d'un éventuel cessez-le-feu.