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Menace de grève à la SNCF : tous perdants

Il n’y a pas à dire, être syndicaliste à la SNCF est une aubaine. La France étant un des pays d’Europe qui compte le plus grand nombre de jours fériés dans l’année, c’est autant d’opportunités d’exercer un chantage ultra-productif auprès de la direction de la compagnie ferroviaire. Cette fois encore, le mois de mai sera l’occasion d’un triste bras de fer entre les syndicats Sud-Rail et CGT et la direction, sur le dos des voyageurs qui, impuissants, observent déjà cette parodie de dialogue social.
Pour appuyer leur prochain mouvement de grève, les syndicats expliquent ainsi que, l’année 2024 ayant permis de dégager un bénéfice de 1,6 milliard d’euros, il est temps pour la direction de passer à la caisse. C’est oublier que les salaires ont progressé de 17% en trois ans (soit beaucoup plus vite que l’inflation). Et c’est surtout négliger le fait que l’Etat a repris à son compte 35 milliards d’euros de dettes de la SNCF, allégeant du même coup son bilan.
Mais ce n’est pas tout. Ce chantage à la grève censée percuter un des plus gros week-ends prolongés de l’année se déroule au moment où, la SNCF changeant de PDG, elle se trouve dans une situation de faiblesse structurelle : le sortant, Jean-Pierre Farandou lâchera-t-il tout pour ne pas partir sur une crise sociale ? Le prochain pèsera-t-il pour ne pas arriver dans une ambiance dégradée ? Quant au gouvernement, sa fragilité est telle qu’il ne faut rien en attendre : l’Histoire montre abondamment qu’une grève nationale de la SNCF finit toujours par être un sujet politique.
S’il se concrétisait, ce préavis de grève ne ferait que des perdants : les clients, l’employeur, l’Etat, et même les salariés de la compagnie. Les concurrents de la SNCF montent en effet lentement en puissance, et chaque coup de canif à son contrat de confiance avec les Français leur fait gagner des parts de marché. Et aux voyageurs de la tranquillité.