3719- Nouvelle Revue de presse 29 posts
Niches fiscales : la nouvelle entourloupe du gouvernement

Mardi, François Bayrou dit écarter la « solution de facilité » d’une hausse d’impôts. Mercredi, sa ministre des Comptes publics évoque, telle Candide, une suppression de niches fiscales. Amélie de Montchalin l’assure pourtant, sans ciller : elle n’alourdira pas la fiscalité des classes populaires et moyennes, « ni des entreprises d’ailleurs ». Comprenez : les plus aisés ne sont pas des Français comme les autres. Et dans le pays déjà le plus taxé au monde, ces heureux contribuables pourraient payer 8 milliards d’euros supplémentaires (le chiffre évoqué) sans que, abracadabra, les prélèvements n’augmentent...
Rien ne sonne juste dans l’argumentaire de la ministre. Elle signale des niches inutiles ou ciblées sur une trop petite population. Balivernes ! Pour récupérer des milliards d’euros de manque-à-gagner, ce sont des mesures ultra-sensibles comme la fin de l’abattement de 10 % des retraités ou de l’avantage lié à l’assurance-vie qu’il faudra acter. Elle soutient préférer un allègement général de la pression fiscale au maintien de privilèges catégoriels. C’est une bonne voie... théorique, mais comment l’emprunter en pratique au moment où l'état calamiteux de nos finances – le pire en zone euro – nous expose à la ruine ?
Un ministre de Bercy devrait savoir que pour être efficace, une politique publique ne doit suivre qu’un seul objectif. Or, dans sa démonstration de gribouille, Amélie de Montchalin prétend à la fois réduire les impôts, accroître les recettes, lutter contre l’inefficience et améliorer la « justice sociale ». Aucun de ces buts ne sera atteint. L’habillage ne trompera personne : le gouvernement est tenté de faire « payer les riches ». Et Matignon expose ainsi son dénuement stratégique pour affronter l’Himalaya du redressement promis. Dire la vérité sur le diagnostic ne suffit pas. Il faut aussi la dire sur les mesures à prendre.