Guerre en Ukraine : les faux-semblants
Dans le grand fouillis qui lui sert de cerveau sous sa mèche jaune-filasse, Donald Trump s’est-il dit qu’en déclarant la guerre commerciale au reste du monde, celui-ci en oublierait peut-être ses vaines rodomontades à propos de l’Ukraine ?
Pense-t-il qu’en jouant les gros bras à grands coups de droits de douane prohibitifs et préjudiciables aux règles du libre-échange, son autorité mise à mal par les offensantes réponses de Poutine à ses appels au cessez-le-feu, en sortira un peu moins abîmée ?
Nul ne sait, au fond, à quoi joue le président des États-Unis et si, après la bouffée d’hubris qui lui a fait déclarer pouvoir stopper la guerre en 24 heures, il n’est pas en train de sacrifier l’Ukraine sur l’autel de l’isolationnisme, marqueur puissant de la théorie "MAGA"…
Lui qui espérait un signe de paix avant Pâques n’a pas vraiment su quoi répondre en apprenant le bombardement de Soumy survenu ce 13 avril, en plein dimanche des Rameaux, et le terrible bilan des deux missiles balistiques tirés sur cette ville de l’est de l’Ukraine.
"On me dit qu’ils ont fait une erreur, c’est la guerre de Biden, pas la mienne", a bredouillé Donald Trump, alors que les frappes russes s’intensifient ces dernières semaines, comme autant de signes du peu de cas que Vladimir Poutine témoigne aux propositions de cessez-le-feu de Washington.
Malheureux Ukrainiens, otages qu’ils sont des faux-semblants du locataire de la Maison blanche et du maître du Kremlin. Quand l’un feint d’ignorer les intentions belliqueuses de la Russie et sa volonté de continuer la guerre, l’autre participe au théâtre diplomatique dont il loue "l’utilité et l’efficacité", avant de bombarder les civils à Kiev, Kryvy Rih ou Soumy…
En commentant la frappe meurtrière de dimanche dernier et en la qualifiant de "crime de guerre", les Européens ont espéré non seulement une prise de conscience de la part de Donald Trump, mais surtout un sursaut d’orgueil.
"Voilà ce que Poutine fait à ceux qui discutent avec lui d’un cessez-le-feu", a grincé le futur chancelier allemand Friedrich Merz. "C’est un moment qui contredit tout engagement réel en faveur de la paix", a considéré la Première ministre Giorgia Meloni. "Cette guerre, c’est la Russie seule qui l’a voulue, et c’est la Russie seule qui choisit de la poursuivre", a enfin déclaré Emmanuel Macron.
Donald Trump peut continuer à faire la sourde oreille et à regarder ailleurs. Mais pour l’opinion américaine et ses soutiens en particulier, les signes de faiblesse face à Vladimir Poutine, comme les tergiversations sur les droits de douane, pourraient être perçus comme contraires aux promesses de grandeur et de puissance du narratif MAGA…