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Budget 2026 : l’austérité
Voilà revenu le temps des incertitudes politiques. Un temps nuageux où François Bayrou, Premier ministre équilibriste, devine déjà les pièges qui lui sont tendus et qui pourraient précipiter sa chute. Son habileté de "centriste" va-t-elle une nouvelle fois le sauver, alors même que sa coalition se fissure dangereusement et que l’extrème-droite, jusqu’ici bienveillante à son égard, menace de provoquer un nouveau chaos ?
L’épreuve qui vient est pour lui redoutable, car elle se résume aux "économies" envisagées pour le prochain budget. Quarante ou cinquante milliards d’"économies" qu’il faudrait trouver en taillant dans les dépenses de l’Etat constituent encore une fois un effort colossal propre à gonfler son impopularité déjà peu reluisante. Comment résoudre une équation aussi périlleuse alors qu’à l’Assemblée nationale la menace d’une motion de censure redevient d’actualité ? Comment choisir quelles seront les coupes sombres dans les dépenses publiques alors que son gouvernement est sans cesse sollicité pour redoubler d’efforts en faveur de la santé ou de l’éducation, sans pour autant oublier la part désormais consacrée à l’"économie de guerre" telle qu’elle a été définie par Emmanuel Macron ?
On mesure la mission impossible dévolue à ce Premier ministre sans majorité et dont les alliés, notamment la droite républicaine, multiplient les mises en garde.
Augmenter les recettes fiscales serait bien sûr la ficelle magique, s’il ne refusait pas d’emblée le principe de toute hausse d’impôt – un tabou sans cesse réaffirmé par l’exécutif –, même si les plus riches peuvent être en partie sollicités pour participer à l’effort.
Imaginer que des recettes nouvelles surviendraient grâce à la croissance de l’économie française est un pari aléatoire sur l’avenir, d’autant plus que nul ne sait ce que nous réservent les prochains mois et les possibles lubies de Donald Trump qui mettraient à mal toute l’économie mondiale.
Reste donc à prévoir d’amputer les dépenses qui seraient "non essentielles" pour les experts – mais qui représenteraient aux yeux des Français une cure d’austérité dont ils paieraient le prix. Or, précisément, s’il est un mot que ne veulent pas entendre les gouvernants, c’est bien celui d’austérité. Mais comment appeler autrement l'"effort très considérable" qui nous sera demandé ?
François Bayrou ne se trompait pas lorsqu’il évoquait à ses débuts l’Himalaya qui se présentait à lui. Jusqu’ici les paroles et les bons mots tout comme son sens des manœuvres politiciennes lui servaient de paravent. Passé le cap de l’actuel budget validé en début d’année sans vote à l’Assemblée, le prochain budget de 2026 sera donc celui des véritables "décisions politiques". François Bayrou osera-t-il en présenter quelques-unes aujourd’hui aux Français ? Si oui, ça pourrait aussitôt retentir désagréablement à ses oreilles.