par Laurent Joffrin | publié le 11/04/2025 Le Journal.Info
 

En décidant de s’unir pour briguer la direction du parti, les forces réformistes ont une chance de rénover le socialisme français, pour rendre à la gauche sa force et son crédit et poser de nouveau leur candidature à la direction du pays.

Laurent Joffrin - Photo JOEL SAGET / AFP

 

Enfin un rayon de soleil, enfin un chemin, enfin un espoir de voir la gauche du réel retrouver sa place en tête du camp progressiste. Si l’on en croit les « socialismologues », les minorités réformistes du parti ayant enfin décidé de faire cause commune, elles ont une bonne chance de sortir majoritaires du prochain congrès. Ainsi, des manœuvres byzantines inhérentes à toute compétition interne au Parti socialiste, naîtrait, si tout cela se confirme, un nouveau parti, décidé à mettre sa stratégie à l’endroit : d’abord se renouveler en se dotant d’un projet propre et en réunissant les forces sociales-démocrates éparses, puis discuter sur des bases nouvelles d’éventuelles alliances.

 

Jusque-là, le PS s’enlisait dans une union de la gauche dominée par LFI qui lui servait de seul viatique, ou bien envisageait de conclure une alliance miniature avec les communistes et les écologistes, se perdant en discussions obscures avec des partenaires surtout préoccupés de lui faire la peau pour imposer leur ligne radicale.

De cette stratégie suicidaire on a vu le résultat : une gauche engluée depuis huit ans à moins de 30% des voix, incapable de retrouver ses électeurs enfuis vers le centre, coupée de facto des classes populaires, brinqueballée par les embardées incessantes de la France insoumise, contrainte de se défendre de tout antisémitisme en raison des louches tropismes de Mélenchon. La tunique de Nessus du NFP se déchire, d’autant que Mélenchon, éternel candidat, a lui aussi rompu l’alliance pour faire cavalier seul, chevauchant ses outrances et vouant des ex-partenaires aux gémonies.

 

Ainsi le vrai Parti socialise pourrait renaître de ses cendres, rénover sa doctrine et élaborer un programme qui tienne compte des bouleversements en cours, fondé sur l’intérêt des classes moyennes et populaires, regardant en face les contraintes budgétaires qui s’imposeront à tout gouvernement, enclenchant de nouveau une mutation écologique basée sur un nouveau mix énergétique, sur la sobriété et non sur l’austérité, enfin sur une planification sociale couplée avec un vaste effort de réindustrialisation. Un projet laïque, éducatif, féministe et universaliste, anti-discrimination et égalitaire, qui assure la sécurité intérieure et extérieure du pays, qui programme une immigration maîtrisée et lance un énergique effort d’intégration sociale et civique, qui allie l’impératif démocratique à l’efficacité gouvernementale. Alors seulement la gauche pourra poser de nouveau sa candidature à la direction du pays, relever le défi des populismes et assurer un avenir à cette France menacée par le décrochage économique et la division sociale et culturelle.

Laurent Joffrin