EDITORIAL. Diesel : toujours vivant

    • Patrick Louis.
      Patrick Louis. DDM - LAURENT DARD
    Publié le  , mis à jour 

    Ne jetez pas la pierre aux utilisateurs de véhicules diesel, nous sommes encore nombreux derrière ! Et pas toujours de si mauvais citoyens… On peut avoir conscience que notre planète brûle sans regarder ailleurs tout en remplissant, pour quelques années encore, notre réservoir, à l’aide du pistolet jaune, celui que plusieurs stations-service parisiennes ont déjà supprimé. D’abord parce que ces motorisations accusées, non sans raison, d’avoir fortement participé à la dégradation de notre climat et de nos poumons, ont subi au fil des ans de vraies cures de « santé », ensuite parce qu’elles correspondent, aujourd’hui encore à la meilleure option pour ceux que l’on appelle les « gros rouleurs », souvent dans le cadre de leurs occupations professionnelles.

     

    Les « essence », même modernes, ne sont pas exempts de tout reproche, les hybrides non rechargeables, logiquement plébiscités aujourd’hui n’ont pas encore pris toute leur place, le tout électrique, bien sûr, encore moins, et il faudra patienter longtemps avant de bénéficier pleinement des vertus de l’hydrogène. Ce constat explique en partie l’attachement des bouffeurs de bornes au gasoil. Si vous avez eu la chance, au moins une fois, de quitter la piste de votre pétrolier préféré avec, sur votre écran de bord : prochain plein dans… 1 300 kilomètres (même si le voyant de la jauge s’allumera forcément un peu plus tôt), vous savez de quoi nous parlons.

    Confortables à l’utilisation, à des années-lumière des breaks utilitaires, puants et pétaradants de nos jeunes années, toujours moins gourmands, même affaiblis par les taxes et le prix à la pompe, les blocs, hérités des travaux de l’ingénieur allemand Rudolf Diesel, malgré l’empressement de la Communauté européenne à les éliminer, figurent toujours dans les cartons des constructeurs. Le Japonais Mazda, par exemple, a lancé l’année dernière un étonnant six cylindres en ligne, pas seulement pour faire joli. Le groupe BMW, lui, vient d’annoncer que toutes ses nouvelles voitures diesel sortant de ses usines dans le monde entier seront alimentées par le carburant synthétique HVO à la place du diesel conventionnel. L’ « Hydrotreated Vegetable Oil » (huile végétale hydrotraitée) n’est pas d’origine fossile mais fabriqué à partir de résidus biologiques et de déchets.

    En 2024, Ola Källieunus, le patron de Mercedez-Benz, a confirmé le maintien des investissements dans les moteurs diesel et diesel hybrides malgré la place toujours plus importante de l’électrification. On peut lire par ailleurs les « modifications » nécessaires, mises en place par Stellantis (PSA était un leader historique dans ce domaine) pour s’adapter à une nouvelle demande.

    Si rien n’a changé dans la direction prise par l’automobile, le calendrier va être aménagé en tenant compte de ce diesel, toujours « vivant ».