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Chine, Ukraine, États-Unis, un poker sous tension
On va finir par autant parler de la Chine que de Trump et
ce n’est pas un mince exploit. Si elle alimente l’actualité,
c’est bien sûr pour le bras de fer commercial et douanier
qu’elle et les États-Unis ont engagé. Imprévisible et versatile
comme on le redoutait, le président américain a tourné casaque
à propos des taxes exorbitantes, parfois délirantes, qu’il voulait
imposer à de nombreux États. Ce revirement a fait le bonheur de
nombreux milliardaires de son entourage ainsi que, ironie du sort,
celui d’une richissime Chinoise. Y a-t-il délit d’initié ? Ce sera difficile
à établir. Dans le climat de peur et de coercition que répand
Trump sur son pays, bon courage au juge qui souhaiterait enquêter.
Seule la Chine reste sévèrement punie par la Maison-Blanche mais
son timonier Xi Jinping n’a pas l’intention de courber la tête face au
rival américain. Dans cet explosif contexte international,
les regards se tournent aussi vers l’Ukraine où deux soldats
chinois ont été capturés par l’armée ukrainienne. Après la
Corée du Nord, la Chine serait donc la deuxième nation asiatique
à fournir des effectifs à la Russie dans la sale guerre
qu’elle livre à Kiev.
Kim Jong-un revendique sa solidarité avec Vladimir Poutine. C’est
plus sinueux avec Pékin qui nie farouchement la présence de compatriotes
sur le sol ukrainien. Deux soldats, c’est un peu court pour
affirmer que Pékin participe à l’invasion de sa patrie. Volodymyr
Zelensky assure avoir des preuves de l’implication de l’empire
rouge. La Chine se montre impénétrable. Elle n’a pas condamné
l’agression du Kremlin. Xi et Poutine mettent en scène leur parfaite
entente, mais elle appelle au respect des frontières et veut tenir sa
place dans l’élaboration d’une issue pacifique.
Sans tomber dans un scénario digne d’une série B d’espionnage, on
peut s’interroger sur l’aveu d’un des soldats, expliquant qu’il a souscrit
un contrat rémunéré avec l’armée russe. Le Kremlin cherche-t-il
à compromettre la Chine dans sa guerre, sachant que Zelensky
pourrait de son côté tirer parti auprès de Washington de l’engagement
de son inflexible ennemi commercial ? Il se dit d’ailleurs prêt
à acheter un important lot d’armes américaines. Rien de tel pour
s’attirer les faveurs de Trump. Vu la fiabilité de ce dernier, le chef
d’État ukrainien s’avance en terrain miné. S’il irrite trop Xi Jinping,
celui-ci pourrait choisir son camp. Ce sera Moscou plutôt que Kiev.
Benoît Lasserre édito Sud-ouest