EDITO. Impôts 2025 : Justice fiscale
Un casse-tête, la déclaration d’impôts ? Pour les moins fortunés, les choses sont relativement simples : ils ne paient pas d’impôt. Donc, pour à peu près la moitié des foyers, l’affaire sera réglée en trois clics.
Pour les plus riches, ce devrait être simple aussi. On demande à un conseiller fiscal de trouver un ou de tour de passe-passe pour atténuer la douloureuse. Ce sont ces spécialistes qui, moyennant rétribution, rempliront les interminables colonnes du fisc.
C’est bien sûr pour la classe moyenne que cette déclaration qui revient fleurir à chaque printemps est un Himalaya. Faut-il déclarer ceci plutôt que cela ? Que faut-il déduire ? Est-ce valable encore cette année ? Qu’est-ce qui est nouveau ? Et tout cela est d’autant plus compliqué lorsqu’il y a eu un mariage, un divorce, un déménagement, un gamin qui arrive ou un autre qui part. N’en déplaise à France Gall, la déclaration n’est pas un bon moment à passer.
Qu’en sera-t-il cette année ? Peut-être grincera-t-on un peu plus des dents du côté de ceux qui gagnent au-delà de 500 000 € pour un couple. Ils ne sont pas légion, mais ils sont rattrapés par l’oreille avec un budget qui s’est décidé – exceptionnellement ? – à mettre à contribution des foyers les plus aisés. C’est du reste déjà un peu le cas puisque seulement 10 % des contribuables s’acquittent de 75 % de l’impôt sur le revenu.
Si la déclaration d’impôt est un casse-tête pour bien des contribuables, c’est aussi un véritable rubik’s cube pour les services de Bercy. Ainsi, cette année, il a fallu jongler entre l’exigence absolue de trouver de l’argent pour réduire nos déficits, et l’exigence non moins absolue de présenter un dispositif qui ne déclenche pas la colère de nos concitoyens : la justice fiscale, c’est un peu comme l’horizon, on peut s’en approcher, mais on ne l’atteindra jamais vraiment.
Alors, la version 2 025 fait dans la dentelle, un peu plus peut-être que les autres années. On va tenir compte de l’inflation qui laisse un souvenir cuisant au consommateur. Ceux qui risquaient mécaniquement d’être taxés ne le seront pas, 800 000 foyers, ce n’est pas rien. Autre amortisseur : de nouvelles réductions d’impôts, avec l’élargissement de l’amendement Coluche. Enfin, un abattement spécial est destiné aux plus de 65 ans et aux invalides. C’est de la justice fiscale au compte-gouttes : est-ce que chacun y trouvera son bonheur ?
Il restera enfin une dernière injustice. Ainsi, on continue à se demander pourquoi un contribuable du Tarn pourra remettre sa déclaration jusqu’au 5 juin, alors que celui de l’Ariège devra se dépêcher de la rendre le 22 mai ? Pas d’explication a priori, sur ces délais liés au numéro de département. Et si l’an prochain, on faisait l’inverse ?