Donald Trump contre Xi Jinping,le sang va couler

Ce n’est pas très difficile à constater, Donald Trump et Xi Jinping
ne correspondent pas au prototype de l’homme déconstruit
prôné par Sandrine Rousseau. Le président américain
et son homologue chinois sont plutôt du genre à
exhiber leurs pectoraux et, tels des boxeurs à la Rocky, se défier du
regard à l’heure de la pesée et se promettre, le premier en hurlant, le
second en souriant, un combat jusqu’à la dernière goutte de sang.
Tout ceci n’aurait pas grande importance si ce duo de mâles n’était à la
tête des deux plus grandes puissances mondiales et ne représentait des
millions de personnes qui n’ont rien demandé. Les Américains ne sont
que 71 millions sur 340 à avoir choisi le bulletin Trump en novembre et
les Chinois sont dispensés de se rendre dans un isoloir pour élire leur
chef d’État, ce qui accélère la procédure de dépouillement.

Le plus dramatique dans cette situation est qu’une large partie du
monde, assise dans les gradins, en viendrait presque à encourager Xi
Jinping face à l’affreux Trump alors que la Chine est une dictature
sanguinaire qui exécute ses opposants, comme le rappelle le nouveau
rapport d’Amnesty International, qui pille les richesses de ses voisins

et des pays africains, menace Taïwan et qui, grâce à sa puissance

manufacturière, détient un pouvoir exorbitant.

La Chine est devenue la première usine du globe parce que les États-
Unis ou l’Europe lui ont transféré leurs capacités de main-d’oeuvre
pour des raisons salariales. Pékin exporte trois fois plus de produits
vers Washington qu’elle n’en importe. Donald Trump est tout à fait
légitime à exiger que l’Amérique redevienne un pays de producteurs
plutôt que de consommateurs. Mais reconstruire des usines ne se fait
pas en roulant des mécaniques ni en signant un décret devant une
caméra. Cela prendra au moins une décennie et elles pourraient se
bâtir sur un champ de ruines. Contesté pour son inefficace et draconienne
politique zéro Covid, Xi doit redonner confiance à ses compatriotes
tandis que Trump, tout juste élu à la Maison-Blanche, ne peut se
permettre la moindre reculade. Il a même taxé l’ami israélien en le
laissant libre de ravager la bande de Gaza.

Fier de lui, le président américain cite en exemple le Vietnam qui promet
d’acheter plus de produits US en échange d’une diminution des
taxes. En résumé, Mike Tyson se vante d’avoir mis KO un gamin de
douze ans. Contre Xi, le sang va couler et éclabousser les spectateurs.
Nous.

Benoît Lasserre édito Sud-ouest