Car la déflagration que prépare l’administration américaine va faire d’immenses dégâts. Elle ne sera pas seulement une guerre commerciale, celle des droits de douane, mais aussi une guerre monétaire autour du dollar, une guerre financière autour des bons du Trésor américain, une guerre des matières premières avec les proclamations d’annexion de territoires riches en terres rares. C’est Donald Trump sans limite.

La brutalité de la Maison Blanche devrait d’ailleurs nous obliger à réfléchir différemment, en posant une question de fond : ne devons-nous pas, face à un adversaire hors cadre, nous affranchir à notre tour de la légalité de l’OMC ? Et si Donald Trump a décidé de mépriser toutes les normes qui régissent le commerce mondial, doit-on vraiment se sentir tenus par un code de conduite que nous serions les seuls à appliquer ? Dans l’Union européenne, les affaires de commerce sont une compétence communautaire et se traitent exclusivement à Bruxelles. Est-ce la garantie que chaque pays devra supporter la même dose de risque pour sa propre économie, ou au contraire, certains secteurs ne seront-ils pas sacrifiés pour sauvegarder les intérêts sectoriels d’un voisin ?

Plusieurs pays commencent à en douter. Or, il ne reste que quelques jours pour trouver, entre loi du talion et négociations, la meilleure parade à l’attaque américaine. Cette fois, l’Europe joue à la fois la survie de pans entiers de son économie et l’unité entre pays. Rarement défi aura été aussi intense.