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Boualem Sansal: la riposte indigne d’Alger

L’arrestation et l’emprisonnement, en novembre 2024, de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal disaient déjà beaucoup des dérives autoritaires d’un Etat tout sauf démocratique. Le simulacre de tribunal (sans son avocat) et les dix ans de prison requis jeudi (une peine aussi farfelue que le chef d’accusation) contre un intellectuel de 80 ans atteint d’un cancer et dont le seul tort est d’avoir exercé son esprit critique, relèvent de cette même inacceptable brutalité.
Personne n’est dupe : via sa justice fantoche, Alger fait de la politique, à sa manière, et répond du tac au tac à la riposte « graduée » de Paris qui, elle-même, faisait suite au rejet, par le gouvernement Tebboune, d’une liste de ressortissants algériens que la France veut expulser. L’escalade continue, donc, sans qu’aucune des deux parties n’obtienne rien d’autre qu’une surenchère. A ceci près que les Algériens parlent d’une seule voix dans un pays où les opposants sont muselés. A l’inverse, en France, plusieurs lignes coexistent. Habitué aux vicissitudes de notre vie politique, le camp d’en face le sait et en profite. Jusqu’où ?
Tôt ou tard, pour défendre ses intérêts, et se faire respecter, la France n’aura d’autre choix que de dénoncer l’accord de 1968 liant les deux pays. Obsolète, devenu une anomalie de l’histoire, il ne répond plus à la réalité de l’immigration. Surtout, face à un Etat dont il n’y a rien à attendre aujourd’hui et qui nourrit sa propagande anti-française de la question mémorielle, Paris possède avec la question des visas, consubstantielle à celle de l’accord, un moyen de forcer les autorités algériennes à négocier. Il ne s’agit pas d’ouvrir une boîte de Pandore juridique. Mais bien de faire de la politique, avec fermeté. Du point de vue économique, migratoire et sécuritaire, au fond, n’en ira-t-il pas un jour de l’intérêt de tous ?