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Et si on évitait de mélanger le sport et la religion ?
La menace ne semble pas voilée. À l’inverse de ces sportives
par qui la polémique a surgi. Le ministre de la Justice, Gérald
Darmanin, a en effet asséné sa démission sur la table si
le gouvernement acceptait que des femmes musulmanes
obtiennent le droit d’évoluer sur une pelouse ou dans un stade la
tête enveloppée d’un foulard. Après Bruno Retailleau qui jure de
claquer la porte si l’exécutif abandonne sa partie de bras de fer avec
l’Algérie, on croirait que Jean-Pierre Chevènement revient.
Au contraire de la novice Marie Barsacq, leur collègue des Sports,
qui n’est candidate à rien et a défendu le voile avant d’être recadrée
par Matignon, le garde des Sceaux et le ministre de l’Intérieur maîtrisent
l’art de la communication et ont du métier politique. Voire du
vice, diront certains. Ils tiennent surtout un agenda électoral que
favorisent ces deux accès de fièvre.
En attendant (peut-être) les députés, les sénateurs ont adopté un
texte bannissant le port de signes religieux dans une compétition
sportive. Façon déguisée de viser le voile sans le nommer. De là à
dire que le Sénat est une assemblée d’extrême droite, comme le
suggère Éric Piolle, le maire écologiste de Grenoble, il y a
un pas que redouterait même un champion de saut en longueur.
Pour mémoire, cet élu voulait autoriser le burkini… et
les seins nus dans les piscines de sa ville.
Il est assez étrange d’affirmer qu’interdire le voile est un
geste d’exclusion envers les femmes qui le portent plutôt que de
raisonner à l’envers et considérer qu’il leur serait plus facile de s’intégrer,
dans une équipe ou au sein de la société française, en laissant
libres leurs cheveux, sans brandir en étendard leur foi religieuse.
Une partie de la gauche facilement identifiable, jadis laïque, a décrété
que les musulmans étaient des victimes perpétuelles et, à l’instar
d’une partie de la droite aisément reconnaissable, tout à coup laïque
quand on parle d’islam, utilise cette affaire à des fins politiciennes,
tirant le voile à elles comme on le fait d’une couverture.
Le sport est devenu un enjeu politique, on ne reviendra pas en arrière.
S’il est encore possible de le préserver de la religion, n’atermoyons
pas ! Et souvenons-nous de ce que soulignait le génial footballeur
Johan Cruyff : « En Espagne, les vingt-deux joueurs se
signent quand ils entrent sur le terrain. Si ça marchait, tous les
matchs se termineraient sur un score nul. »
Benoît Lasserre éditorial Sud-ouest