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Guerre en Ukraine: Trump et Poutine se mettent d'accord sur une demi-trêve
Les présidents russe et américain ont annoncé, après un entretien téléphonique, un cessez-le-feu en Ukraine, mais limité aux raids aériens sur les infrastructures des deux pays. Pour Zelensky, les conditions posées par Poutine montrent qu'il n'est pas prêt «à mettre fin» à la guerre.

Par Yves Bourdillon Les Echos
Donald Trump et Vladimir Poutine ont inventé mardi le « demi-cessez-le-feu ». C'est-à-dire un arrêt des opérations de combat, mais limité aux raids aériens sur les centrales électriques et infrastructures ukrainiennes et russes.
La montagne a donc accouché d'une souris, après près de deux heures d'entretien téléphonique entre le président américain et son homologue russe. Certes, la Maison-Blanche s'est félicitée de ces discussions, tandis que le Kremlin saluait des entretiens « francs et détaillés ».
«Nous sommes convenus d'un cessez-le-feu immédiat sur les sites énergétiques et les infrastructures, avec une entente sur le fait que nous allons travailler rapidement pour avoir un cessez-le-feu total et, au bout du compte, la FIN de cette guerre vraiment horrible», a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social
Mais le résultat est très loin d'un arrêt de l'ensemble des opérations militaires, navales, aériennes et terrestres après trois ans de guerre, sur lequel les principaux responsables sécuritaires et diplomatiques de la Maison-Blanche s'étaient entendus, mardi dernier en Arabie saoudite, avec leurs homologues ukrainiens.
Moscou demande l'arrêt de l'aide à l'Ukraine
Le président américain ne pourra donc pas se targuer d'avoir obtenu l'arrêt immédiat et complet des combats dont il a fait sa priorité absolue depuis qu'il est revenu au pouvoir il y a deux mois. Il évite toutefois un grave revers en obtenant quand même quelque chose : l'arrêt des bombardements russes quasi quotidiens sur les centrales électriques ukrainiennes.
Le Kremlin n'a, apparemment, fait aucune concession. Moscou a insisté sur le fait que l'arrêt de l'aide militaire occidentale et du partage d'informations était une « condition nécessaire » de la trêve. Le Kremlin a mis aussi l'accent sur « le contrôle effectif d'un éventuel cessez-le-feu sur l'ensemble de la ligne de contact, la nécessité de mettre fin à la mobilisation forcée en Ukraine et au réarmement des forces armées ukrainiennes ».
En début de soirée mardi, rien n'indiquait que la Maison-Blanche avait accepté ces conditions. La Russie et l'Ukraine procéderont en outre ce mercredi à un échange de 175 prisonniers de guerre de chaque camp, a annoncé le Kremlin.
Macron réitère le soutien à Kiev
Cette exigence d'un arrêt complet de toute livraison d'armes occidentales à l'Ukraine durant le cessez-le-feu revient donc à empêcher l'armée ukrainienne de se rééquiper durant un mois, pendant que l'industrie militaire russe continuera, elle, de tourner à plein régime. Encore faudrait-il que les pays européens acceptent de suspendre leurs livraisons…
«Nous continuons le soutien à l'armée ukrainienne dans sa guerre de résistance face à l'agression russe», a affirmé mardi soir Emmanuel Macron depuis Berlin, où il rencontrait le chancelier Olaf Scholz. «L'objectif doit rester le même, avoir un cessez-le-feu mesurable et vérifiable, a réclamé le président français. Cela n'est pas concevable sans que les Ukrainiens ne soient autour de la table», a-t-il dit. Le gouvernement britannique a salué de son côté les «progrès» réalisés par le Trump «en vue d'un cessez-le-feu». Londres a promis de «rester aux côtés» de l'Ukraine «aussi longtemps qu'il le faudra pour veiller à ce que la Russie ne puisse plus jamais lancer une invasion illégale».
Pour Volodymyr Zelensky, les conditions posées par Poutine montrent qu'il n'est pas prêt «à mettre fin» à la guerre. Kiev soutiendrait un cessez-le-feu sur les sites énergétiques, a assuré le président ukrainien mardi soir.
Négociations lancées au Proche-Orient
Des négociations vont débuter « immédiatement » dans un pays non précisé du Moyen-Orient, selon Moscou et Washington, en vue d'un cessez-le-feu naval en mer Noire, où, à vrai dire, les combats sont quasiment inexistants depuis des mois, les navires russes s'étant éloigné du littoral ukrainien sous la menace des drones de Kiev.
Seront aussi sur la table un cessez-le-feu terrestre et les conditions d'une paix permanente. Toutefois, le Kremlin n'a pas rappelé, comme il le faisait pourtant systématiquement jusqu'ici, ses exigences sécuritaires à propos des « raisons du conflit »: en clair la démilitarisation de l'Ukraine, un changement de régime à Kiev et la reconnaissance de son annexion de cinq régions du pays.
Cet entretien téléphonique, le jour même où il y a onze ans, les forces spéciales russes s'emparaient de la Crimée (le président russe est très sensible aux charges symboliques des anniversaires), attendu, scruté et commenté comme rarement ces dernières années, aura duré un peu moins de deux heures.
Yves Bourdillon