Si une autonomie totale est illusoire, l’Europe peut néanmoins s’en rapprocher. A condition de passer rapidement commande aux industriels, qui n’augmenteront pas leurs capacités de production sans visibilité sur plusieurs années. Et de privilégier les entreprises européennes pour s’affranchir au maximum des dépendances étrangères actuelles, même s’il est joué d’avance que les groupes américains ou autres conserveront de belles parts de marché pour des raisons aussi diverses que la rapidité des livraisons, l’emploi lorsqu’ils produisent en Europe, ou encore le maintien de bonnes relations avec Washington. A ce titre, le remplacement à venir des F-16 portugais sera un bon test pour mesurer la force de la préférence européenne.

Pour les Etats membres, le temps est compté. Les longueurs des débats budgétaires à venir, celles sur la définition des besoins et la complexité de monter en cadence jouent contre eux. En passant par exemple des commandes d’ici à la fin de l’année, un changement de braquet opérationnel ne se ferait pas sentir avant quatre ou cinq ans, selon certains experts. Devant cette réalité, les Européens doivent s’assurer de la protection américaine pendant encore longtemps. Et espérer que les conditions de résolution du conflit ukrainien n’encouragent pas Moscou à ouvrir de nouveaux fronts.