3576- Halte à la tentation munichoise 12 posts
Retrouvez chaque semaine l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de « La Tribune Dimanche ».
LTD/CYRILLE GEORGE JERUSALMI
« Ayez le culte de l'esprit critique », clamait Louis Pasteur. Cette exhortation de l'inventeur du vaccin contre la rage prend tout son sens dans une actualité internationale qui bouscule les certitudes et met à mal la raison. En témoigne l'attitude de Donald Trump, oublieux de la prudence et de la patience dans sa tentative de résolution du conflit en Ukraine.
Par sa hâte à obtenir une trêve, il donne à Vladimir Poutine la capacité de dicter ses conditions et d'être le maître des horloges militaires et diplomatiques. En effet, le président américain permet au dirigeant russe d'achever le nettoyage de Koursk et d'imposer de facto la reconnaissance de l'annexion d'une grande partie du Donbass. Le remède pire que le mal.
La désertion et la capitulation ne sont pas l'apanage de Trump, comme le montre le comportement de certains partis politiques français et de médias qui nient la réalité de la menace russe, au besoin en relayant la propagande du Kremlin. On ne peut que s'étonner de voir des leaders aspirant aux plus hautes fonctions sous-estimer les dangers représentés par la Russie.
Pourtant cette semaine, dans le huis clos de la réunion mettant en présence les chefs des principaux partis et des patrons des armées et des services de renseignement, Mathilde Panot pour LFI, Marine Le Pen et Jordan Bardella pour le RN n'ont pas bronché à l'exposé détaillé d'informations classées secret-défense sur la guerre hybride et informationnelle livrée sans relâche par le Kremlin. Face aux tentatives de manipulation, nos compatriotes ne se laissent pas berner.
Dans les circonstances les plus dramatiques de notre histoire, les Français resserrent les rangs derrière leur chef.
Sept Français sur dix estiment, selon un sondage pour Le Figaro, qu'Emmanuel Macron n'exagère pas la menace russe. La sagesse populaire s'oppose donc aux artifices d'esprits qui se veulent plus éclairés qu'une opinion publique taxée de crédulité. La liberté d'expression ne dispense pas de la responsabilité et du souci de la vérité ! Faisons confiance au discernement des Français qui donnent raison à Jean Giraudoux lorsqu'il affirmait : « La propagande est le contraire de l'artillerie, plus elle est lourde, moins elle porte. »
Dans cette séquence diplomatique et militaire, quelques voix émergent dans les oppositions. L'ex-tête de liste PS aux européennes Raphaël Glucksmann remet la gauche à l'endroit. Il met en garde contre la « tentation munichoise » des extrêmes mais aussi d'une partie de la droite et des médias. Il étrille la ligne floue et prorusse des Insoumis et fait de la sécurité en Europe l'un des axes de la prochaine présidentielle. Une élection pour laquelle il est « prêt à laisser [s]a peau ».
Mais dans cette période, c'est le président de la République qui retrouve une autorité et une légitimité que la dissolution et ses fâcheuses séquelles avaient battues en brèche. Notre baromètre traduit ce gain de popularité.
En donnant le la sur la scène internationale et en jouant les aiguillons d'une défense européenne, le Mozart déchu de la finance retrouve la baguette de chef d'orchestre pour interpréter une partition patriotique exaltant l'unité de la nation. D'aucuns railleront cet effet drapeau, mais ce serait oublier que, dans les circonstances les plus dramatiques de notre histoire, les Français resserrent les rangs derrière leur chef de l'État quels que soient ses défauts et errements passés.