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Trafic de drogue : la guerre contre le big deal

  • Dominique Delpiroux.
    Dominique Delpiroux. DDM - LAURENT DARD
Publié le 
Dominique Delpiroux

Il y a cinquante ans, à Toulouse, quelques hippies échangeaient en secret des petits morceaux de « pakiblack » ou de « Chitral ». Les plus « branchés » dégotaient des pastilles de LSD. En Ariège, les « péluts » faisaient pousser une drôle d’herbe. Quelques rares junkies rôdaient sous les Arcades du Capitole. Et la brigade des stups du SRPJ comprenait… quatre inspecteurs !

Que s’est-il passé entre-temps ? Quel est ce tsunami qui a submergé banlieues, villes et campagnes ? D’où viennent ces déferlantes de haschisch, ces conteneurs de cocaïne, ces chapelets de kétamine, GHB, méthamphétamine et autre ecstasy ? Oh, bien sûr, certains quartiers difficiles sont devenus des supermarchés de la came… Mais désormais, dans la moindre bourgade, on trouve de quoi fumer, sniffer, shooter et plus si affinités. Voilà qui pose au moins trois questions.

 

La première, c’est de se demander pourquoi notre population a développé une telle appétence pour les substances illicites ? Sommes-nous si malheureux, pour avoir un tel besoin de ces paradis artificiels ? La France, championne de la consommation des anxiolytiques, se déteste-t-elle à ce point que ses habitants ne trouvent le bonheur que dans une fumée parfumée ? Et que dire de ceux qui ne peuvent plus aller bosser sans une petite ligne de coke, « pour assurer » ? Un million de consommateurs quotidien de cannabis, un Français sur dix fumeur régulier, les chiffres ne baissent pas. Or, tout cela n’est pas sans conséquences : combien de morts sur les routes à cause des stupéfiants ? Combien de scolarités ravagées par la fumette précoce ? Combien de carrières sabotées ? En somme, combien de vies où le paradis artificiel débouche sur l’enfer pour de vrai.

Le second problème crucial, que ce soit à la ville ou à la campagne, c’est le trafic. Par essence, il est illégal donc transgressif. Il impose ses propres lois, celle des clans, des mafias, des caïds. Il détruit le lien social, renie les règles de la République, fait régner la terreur. Des petits tyrans de halls d’immeubles jusqu’aux businessmen planqués au Proche-Orient, ces rouages ne connaissent que la force et le fric. C’est dans la mesure où il empoisonne aussi les âmes que le trafic est toxique. Si la brutalité ne se cache plus dans les quartiers des grandes villes où résonnent les kalachnikovs, cela finit souvent mal avec l’appât du gain, même dans les campagnes les plus paisibles.

Enfin, comment lutter contre ce fléau ? Les policiers ont la constance de Sisyphe, et ne renâclent pas devant cet Himalaya. Un pis-aller pourrait être une légalisation sous des conditions strictes, surtout vis-à-vis de mineurs. Mais elle ne pourrait concerner que le cannabis. Inimaginable pour cocaïne, héroïne et compagnie. Et donc, les trafics, et leur cortège de dégâts, continueraient toujours.
Prisons hautement sécurisées, magistrats spécialisés, traque de l’argent sale, les autorités semblent aujourd’hui décidées à frapper fort. La répression est évidemment indispensable. Mais quid de ce profond malaise qui semble ronger une partie de nos concitoyens ? On attend aussi avec impatience les mesures sociales, éducatives, sanitaires, qui viendraient atténuer un tel mal être.



11/03/2025
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