Procureure, préfète, cheffes d’entreprises témoignent pour inspirer les Lotoises

 

Pour la journée des droits des femmes, la procureure du Lot organise le 11 mars à 9 h une conférence-débat destinée aux filles et aux femmes pour inspirer leur carrière.

Clara Ribeiro, nouvelle procureure à Cahors.
Clara Ribeiro, nouvelle procureure à Cahors. ©SN

Lorsqu’elle était plus jeune, Clara Ribeiro n’avait jamais imaginé devenir procureure de la République un jour, ni même d’ailleurs devenir magistrate. Née en région parisienne, de parents portugais, Clara Ribeiro, 47 ans aujourd’hui, grandit dans un milieu ouvrier. Lors de ses études de droit social à la Sorbonne, elle se dit que la magistrature est inatteignable pour elle, et réservée à une élite dont elle ne fait pas partie. « Je me mettais moi-même un plafond de verre », souligne-t-elle.

 

Toutes les facettes de la magistrature

Elle travaille dans une grande entreprise puis dans le milieu pénitentiaire pendant quatre ans. Là, au contact de nombreux magistrats, femmes comme hommes, ils la poussent et la convainquent d’entrer dans la magistrature en voyant ses qualités professionnelles. En 2008, elle intègre l’école nationale de la magistrature (ENM) à Bordeaux pendant 32 mois. Sa carrière commence dans le vif, à Cayenne en Guyane où elle est substitut du procureur pendant quatre ans. Elle devient ensuite juge d’instruction à Rennes puis direction Pau où elle est « juge placé » auprès du premier président de la cour d’appel. Juge d’instruction de nouveau à Tarbes puis à Pau, elle repart à Saint-Denis de la Réunion pour devenir juge des libertés et de la détention.

 

    « Je voulais découvrir l’ensemble de la chaîne pénale, toucher à tout. Mais je suis une femme de terrain et d’action, j’aime travailler en équipe alors j’ai demandé à être procureure et me voilà à Cahors depuis début janvier. On est au cœur de l’action et de la politique pénale. On peut créer des choses concrètes en s’adaptant aux spécificités locales », se réjouit-elle.

    Clara Ribeiro n’a jamais eu de mauvaises expériences du fait d’être une femme dans sa carrière. « La magistrature est composée à 85 % de femmes, les postes à responsabilité sont aussi bien donnés aux femmes qu’aux hommes, mais c’est sûr que dans les postes à hautes responsabilités, il y a plus d’hommes, reconnaît-elle, mais c’est aussi parce que les femmes se mettent un plafond de verre. Heureusement c’est en train de changer. »

     

    Briser le plafond de verre

    Le plafond de verre, c’est justement ce qu’elle aimerait briser pour les jeunes générations. Balayer les clichés et insuffler aux lycéennes et aux femmes que tout est possible et qu’elles peuvent, elles aussi, devenir un jour préfète, procureure, cheffe d’entreprise, directrice d’hôpital ou encore créer leur propre structure. C’est le but de cette conférence-débat qu’organise la nouvelle procureure du Lot, le mardi 11 mars à 9 h à la salle Henri Martin de la mairie de Cahors dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes et pour promouvoir l’égalité homme femme.

     

    Une soixantaine de lycéennes (et des lycéens) des trois lycées du département participeront à la conférence-débat mais également des étudiantes ou des femmes en reconversion professionnelle. La communication a été faite à France Travail, à la Protection judiciaire de la jeunesse, à l’aide sociale à l’enfance, à l’AFPA (Association pour la formation professionnelle des adultes) et au CFA.

    Susciter des vocations

    « Je ne vais leur dire que ce sera facile, il faut beaucoup de travail, de la volonté et de l’investissement, mais il faut donner envie et leur faire comprendre qu’on est toute légitime pour des postes à responsabilités. On a un nombre de femmes dirigeantes impressionnant dans le Lot, elles montrent que toutes les femmes peuvent accéder à ces fonctions dans tous les domaines, c’est une grande richesse. On va évoquer différents parcours et pourquoi pas susciter des vocations » espère Clara Ribeiro.

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    Pour l’accompagner lors de cette conférence-débat, 10 femmes au parcours inspirant témoigneront : Claire Raulin, préfète du Lot, Sophie Sarraute, la DASEN, Florence Grellet, directrice de l’hôpital de Figeac, Corinne Allègre, cadre des urgences de Figeac, Huguette Tiegna, fondatrice de EHTIA, Florence Raynal, directrice de Raynal Voyages, Pétra Brotnei, dirigeante de RECTIF 46, Lisa Lemercier, fondatrice de RESO, Véronique Azemar, vigneronne du Clos d’un jour, Margot Duffort, sommelière du restaurant Le Gindreau.

    Mais Clara Ribeiro veut aller encore plus loin. « Je ne veux pas que ça s’arrête à cette conférence mais qu’il y ait une continuité. L’idée est de créer une communauté de femmes, un réseau où l’on s’entraide les unes les autres, qu’on encourage, qu’on inspire et qu’on accompagne les plus jeunes avec du mentorat, du coaching et des stages » explique-t-elle.

     

    Sarah NABLI  ACTU 46