353-Travailler plus pour réfléchir moins(Pierre Arrighi)3 posts


Pour toutes celles sur ce blog,pour tous ceux qui votent à gauche,Maurice m'a offert ce manuscrit de Jean Jaurès.


Puisque ce samedi veille de second tour on ne peut pas trop faire campagne légslative,profitons en pour réfléchir et philosopher avec Pierre Arrighi d'Agoravox:

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=25794

Faut-il pleurer? Faut il en rire? ou travailler plus pour réfléchir moins

La crise du PS est loin d'être une petite comédie de personnes accentuée par le résidu d'une pensée ringarde. Elle engage une part de la culture française, de son histoire, de sa vision du monde. Elle sépare ceux qui s'en détachent de ceux qui - heureusement - n'y parviennent pas encore.

...."La droite pavane lorsque que la gauche échoue. Car c'est un fait que celui qui ne veut pas changer le fond des choses, qui veut uniquement débloquer le monde dans le sens de mieux le dérouler tel qu'il est, a la tâche plus aisée, l'avantage sur celui qui, constatant que des choses profondes posent problème et font mal, s'engage dans le difficile chemin de trouver une solution.

Alors faut-il rire du PS ? Faut-il s'associer à ce cœur de platitudes des bouts de lèvres triomphantes. Ah ! quand la gauche se modernisera ! Ah ! quand elle deviendra vraiment sociale-démocrate ! Ah ! comme il nous faut une opposition rénovée, comme font les autres ! Derrière ce théâtre hypocrite se cache le désir de voir enfin le pays (et les pays) débarrassé de cette idée incongrue qui consiste à rechercher sans cesse les fondements d'un monde meilleur. Il faut cesser, disent les sirènes, de se tourner là où il ne faut pas.

C'est dans ce cadre qu'il faut voir la crise du PS. Faut-il pleurer ? Faut-il en rire ? Il faut d'abord comprendre son ampleur quasi philosophique. L'enjeu au PS est aujourd'hui de taille même s'il se manifeste de manière souvent infantile. Cet enjeu est le suivant : faut-il accepter fondamentalement le monde tel qu'il est et chercher simplement à le réformer, à le colmater, à le gérer ? Ou au contraire faut-il considérer que son fondement est défaillant et à la base de sa dérive ?

Cette alternative, la droite l'a tranchée depuis toujours : le système est bon, à nous de le développer, de le déployer, de le libérer. Mais la gauche a une autre âme, ni meilleure ni pire, simplement différente, qui consiste à ne pas se satisfaire, à se révolter. En tout cas, elle l'avait. Tout semblait indiquer néanmoins, lors de l'Union de la gauche puis du jospinisme gestionnaire, que l'affaire était close, que le PC étant faible, le PS deviendrait un parti social-démocrate bourgeois comme on en voit tant, et qui fonctionnent bien. Le PC est quasi mort, l'extrême gauche minimalisée, l'altermondialisme en panne, les Verts effacés, et le PS ne vire toujours pas, franchement, sa veste. Il y tient encore un peu à ses pauvres, à ses ouvriers, à son passé lointain.

Cette énigme a une raison puissante. L'absence en France d'une vraie gauche radicale moderne et alternative (ce n'est pas tout à fait le cas par exemple en Allemagne où les Verts jouent ce rôle, ni en Espagne avec les régionalismes ni...) crée la panique au PS. Une panique morale, intérieure. Si le PS se social-démocratise à fond, l'idée même d'un changement profond du monde serait menacée de disparition. Si d'autres entretenaient cette idée, il serait plus facile pour des gens honnêtes d'abandonner une flamme, de s'éteindre au pouvoir, de se kouchneriser. C'est bête : la France a ça dans le sang, dans son histoire. Cette idée d'un monde à changer a fait sa culture et son rayonnement."



16/06/2007
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