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Face à Poutine et Trump, Macron réunit son mini-conseil de sécurité européen
Face aux initiatives russo-américaines sur l'Ukraine, Emmanuel Macron va réunir lundi après-midi à l'Élysée un groupe restreint de dirigeants européens pour une « réunion informelle » destinée à coordonner la réponse européenne.
L'urgence est dictée par le contexte : la conversation Trump-Poutine et les déclarations à Munich de J.D. Vance ont créé une « accélération » qui pousse les Européens à réagir. Le format choisi ? une réunion restreinte plutôt qu'un sommet ? vise à faciliter une convergence rapide des positions avant les discussions plus larges à Bruxelles (UE) et Evere (Otan). Il fallait éviter de donner l'image d'une « division », ce qui n'aurait pas manqué si Viktor Orban, le hongrois pro-Trump, ou le Slovaque, Robert Fico, avaient été de la partie. Emmanuel Macron avait déjà réuni les 27 à l'Élysée, le 26 février 2024, à propos de l'Ukraine. Une fuite de Robert Fico sur les « troupes au sol » avait fait déraper la communication de l'événement? Le président français n'a pas oublié cette mauvaise manière et ne veut pas reproduire cette erreur.
Le groupe des 10, un mini-conseil de sécurité européen
C'est le président Macron qui invite mais en pleine coordination avec Antonio Costa, le président du Conseil européen, lequel représentera tous les membres absents et les informera du contenu des discussions. Ursula von der Leyen sera présente autour des chefs de gouvernement suivant : Giorgia Meloni pour l'Italie, Donald Tusk pour la Pologne, Pedro Sanchez pour l'Espagne, Keir Starmer pour le Royaume-Uni, Dick Schoof pour les Pays-Bas et la Danoise Mette Frederiksen qui représentera les Scandinaves et les Baltes. Mark Rutte, le secrétaire général de l'Otan, sera également autour de la table. Cette première sélection comprend les États capables d'aligner des troupes ou qui disposent d'une capacité financière susceptible de doter l'Ukraine en armes. Ce groupe des Dix prend tout de même des allures de mini-conseil de sécurité des Européens. Ce qui est souhaitable depuis très longtemps.
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L'enjeu de cette réunion est double. D'abord, définir la contribution européenne à une paix « respectueuse » en Ukraine, y compris les garanties de sécurité que l'Europe peut offrir. Washington, via le général Kellog, aurait d'ailleurs transmis un questionnaire aux Européens sur ce point. La question sensible des troupes au sol figure parmi les options discutées. Les armées aguerries comme celle de la France et du Royaume-Uni seront évidemment les plus sollicitées.
La question d'une nouvelle dette commune pour la Défense
Ensuite, accélérer le renforcement de la défense européenne. L'objectif des 2 % du PIB apparaît insuffisant quand Poutine s'arme de manière industrielle. Les Européens conviennent de relever la barre à 3 %, voire 3,5 % du PIB. Un effort qui pourrait nécessiter un endettement commun, une option que même le candidat conservateur allemand Friedrich Merz ne semble plus exclure, d'après ses déclarations lors de la Conférence sur la sécurité de Munich.
La présidente de la Commission européenne a proposé, vendredi, de déclencher la « clause d'échappement » des traités budgétaires européens mais les conditions d'éligibilités des dépenses militaires restent à préciser. Justement, il en sera question lors de cette première réunion à l'Élysée. Deux pistes sont en discussion : soit l'Europe renforce les flexibilités mises en place, en 2024, lors de la réforme du pacte budgétaire, soit l'Europe exclut complètement les investissements en matière de défense sans trop finasser sur les détails.
Rien sur l'Ukraine sans l'Ukraine et l'Europe
« Rien sur l'Ukraine sans l'Ukraine, rien sur l'Europe sans l'Europe », répète-t-on à l'Élysée, comme dans de très nombreuses chancelleries en Europe. Car le règlement de la guerre en Ukraine pose plus globalement la question de la sécurité en Europe et des relations à venir avec la Russie, afin d'éviter un nouveau conflit dans 6 mois, un an, trois ans?
L'Élysée note d'ailleurs qu'aucune exclusion explicite des Européens des négociations n'a été prononcée, ni par Trump ni par Poutine. Plusieurs formats sont envisagés pour assurer la présence européenne à la table des négociations. Certains évoquent un « envoyé spécial européen » à la table des négociations. Mais d'autres évoquent un format plus légitime : celui des membres permanents du Conseil de sécurité, le groupe « P5 » (États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France). Ces cinq pays exercent la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale. Et cela permettrait d'avoir deux Européens autour de la table.
La réunion de Paris ne produira pas de communiqué officiel. Elle vise plutôt à établir des « points agréés » qui faciliteront les discussions futures dans les formats plus larges. Certains États membres étaient frustrés de ne pas être invités. Ils auront d'autres formats à venir pour exprimer leurs points de vue et leurs offres.