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Le fabuleux destin des Jeux de Paris 2024
Quelqu’un a-t-il vu la joyeuse frimousse d’Amélie Poulain
encourageant les cyclistes du Tour de France qui se coltinaient
les rues de son quartier Montmartre ? L’héroïne au
fabuleux destin y avait sa place, elle qui symbolise ce mélange
si français de carte postale et de nostalgie. Le final de la Grande
Boucle, cet événement planétaire qui passionne toujours l’Hexagone
malgré la rituelle absence du moindre suspens sur l’identité de son
vainqueur, correspond cette année au premier anniversaire des Jeux
olympiques de Paris. Ah, ces Jeux de Paris…
Dans un pays qui pratique à merveille l’art de la commémoration,
allait-on laisser passer l’occasion de verser une petite larme et nourrir
une conversation de café du commerce sur cette quinzaine fantastique
? Cette célébration permet aux responsables politiques de se
montrer et de parler d’autre chose que des crises qui nous
oppriment à l’intérieur de nos frontières ou loin de chez nous.
Avouons-le, elle tombe aussi à pic pour des médias qui ne sont
pourtant pas en panne d’actualité mais peuvent offrir à leur
public de quoi oublier le trou supplémentaire qu’il faudra
infliger à sa ceinture. Rien que pour le plaisir, on peut se souvenir des
grincheux qui redoutaient l’augmentation des prix ou la fermeture du
métro, qui dénonçaient bassement le choix d’Aya Nakamura pour
chanter avec la Garde républicaine. Sans oublier le zigoto Philippe
Katerine, tout nu et peint en bleu, qui a syncopé celles et ceux dont le
sang se change en vinaigre. Et ne parlons pas des Cassandre qui prédisaient
un cuisant échec pour les sportifs tricolores.
Une telle nostalgie, évidemment orchestrée, forcément commercialisée,
est à consommer avec modération. Il ne faudrait pas que cela
devienne une habitude estivale. Les Français finiraient par sentir le
pot aux roses et allez savoir à quoi ressemblera le pays dans un an. En
juillet 2026, Marie Barsacq sera-t-elle encore à la tête d’un ministère
dont on va tailler le budget à coups de sabre, malgré ses gasconnades
lancées dans « La Tribune du dimanche » et les promesses d’une nation
sportive ? « Ce ne sera pas le seul », commente dans nos colonnes
un Tony Estanguet, un peu désabusé.
L’ex-chef d’orchestre des Jeux a raison de souligner que ces quinze
jours ont apporté une fierté et une unité inattendues et bienvenues.
Cerise sur le plongeoir, la natation dans la Seine fait école. Avant
d’avoir la tête sous l’eau à la rentrée.
Éditorial SUD-OUEST Benoît Lasserre