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Menegaux-Lombard: le face-à-face des deux France - l'Opinion
Ce sont deux personnages qui devraient parler le même langage, avoir un même objectif supérieur de succès, avoir les mêmes valeurs de progrès. Ce sont deux univers qui devraient interagir, se comprendre et mutuellement concevoir leur performance grâce à celle de l’autre.
C’est pourtant l’inverse qui se produit. L’un est un grand chef d’entreprise, patron d’un fleuron français, Michelin. L’autre est un tout récent ministre, nommé il y a un mois à la tête de Bercy, et grand artisan du deal construit avec le Parti socialiste pour permettre à François Bayrou d’espérer échapper à la motion de censure sur le budget ou la Sécu.
L’un s’appelle Florent Menegaux, et il vient, devant les sénateurs, de dérouler la simple et pourtant accablante démonstration de la folie administrativo-fiscale européenne et française. Impôts, charges, normes, contraintes, morcellement des législations, surcoûts permanents, sur-administration, le patron de Michelin aligne les exemples de ce qui a nourri le déclin industriel de l’Europe, et de ce qui nous handicapera lourdement dans la lutte face aux Etats-Unis et à la Chine.
L’autre s’appelle Eric Lombard, et il vient, dans une interview sur LCI, de justifier avec candeur tout ce que les chefs d’entreprise dénoncent : l’étatisation de l’économie (« aucune agence d’Etat n’a de mission inutile »), le poids écrasant de la fonction publique (« la question n’est pas le nombre des fonctionnaires qui parfois travaillent trop… »), le niveau record des impôts (« c’est pas les prélèvements qui posent un problème »). Et tout cela au nom d’une évidence que le ministre des Finances n’entend pas relativiser ni même réformer : « La France n’a jamais été un pays libéral ; elle est un pays d’Etat, un pays de protection ».
L’un est un patron d’entreprise leader mondial, l’autre doit gérer un Etat proche de la faillite. Dommage que le second n’écoute pas le premier.